Modifié le 19 février 2025 par epargnebourse.fr
Si vous appréciez cet article, pourquoi ne pas le partager en un clic et faire connaître epargnebourse.fr ?
Nous continuons notre tour d’horizon des acteurs de l’économie. Cette fois, nous nous intéressons aux banques commerciales. Pour beaucoup de lecteurs, cet article apportera quelques surprises de taille.
Après l’avoir lu, il sera clair pourquoi les banques commerciales ne sont pas des entreprises comme les autres. Et pourquoi les banques centrales, ainsi que les gouvernements leurs réservent un traitement si particulier.
Contenu de l’article
Introduction
Cet article fait parti des articles traitant des bases de l’économie. Si vous découvrez cette série, je vous invite à lire les articles dans l’ordre prévu. Cela vous permettra de mieux progresser dans votre compréhension de l’économie :
- Macro économie, Micro économie, 2 facettes de l’économie
- Le consommateur : Acteur #1 de l’économie et votre meilleur ami
- Les entreprises : Acteur #2 de l’économie et meilleur allié de l’épargne
- La Monnaie, Un Pilier De L’économie Et l’incomprise #1 ?
- Banque Centrale : Acteur #3 de l’économie, grand pouvoir, grande responsabilité
- Les Banques : Acteur #4, elles peuvent faire s’effondrer l’économie
Revenons en aux banques, elle se divisent principalement en trois catégories :
- Les banques de dépôt, aussi appelées banques commerciales.
- Les banques de financement et d’investissement.
- Les banques universelles, celles qui exercent les deux activités.
Cet article est consacré à l’activité de banque commerciale. Ce qui recouvre aussi une grande part de l’activité des banques universelles telles que BNP Paribas.
Nous allons explorer les aspects les plus importants des banques commerciales. En tout cas, ceux que chaque Investisseur, chaque Trader doit connaitre.
Le Rôle des Banques Commerciales dans l’Économie
Les banques commerciales sont au cœur du système financier et de l’économie. Elles collectent les dépôts de leurs clients, fournissent des comptes courants et des comptes d’épargne, accordent des prêts aux particuliers et aux entreprises, et assurent le traitement des paiements.
En tant que fournisseurs de crédit, elles facilitent l’investissement, la consommation et la croissance économique.
Avec un tel rôle, il y a déjà de quoi considérer les banques comme des acteurs très particuliers de l’économie. Mais ce n’est pas fini. Années après années les banques commerciales se sont placées dans une situation très particulière : Encore plus au centre de l’économie.
Modèle Économique des Banques Commerciales
Le modèle économique des banques commerciales repose sur la collecte de dépôts à faible coût et la création d’actifs financiers sous forme de prêts et d’investissements. Les bénéfices proviennent principalement des intérêts perçus sur les prêts octroyés, ainsi que des frais de services bancaires. Les banques gèrent également leur propre portefeuille d’investissements pour générer des revenus supplémentaires.
Le sujet épineux des Dépôts Bancaires et des Réserves Fractionnaires
Commençons par ce qui ne réserve pas de surprise : Les clients déposent leur argent en banque pour des raisons de sécurité, de facilité d’accès et de rendement potentiel. En échange, les banques paient des intérêts sur les comptes épargne, tandis que les comptes courants offrent un moyen pratique de gérer les dépenses quotidiennes.
Transfert de Propriété et Reconnaissance de Dette
Surprise #1 :
Lorsque vous ou moi, clients d’une banque ouvrons un compte bancaire, nous ne nous contentons pas de déposer notre argent dans des mains sures. Nous transférons la propriété de nos avoirs à la banque. Laquelle, en retour, reconnaît une dette envers nous. Cette dette est généralement enregistrée sous forme d’un solde de compte au nom du client. Cela signifie que l’argent du client devient une ressource de la banque. Elle peut utiliser cette ressource comme elle le souhaite dans la limite du respect (normalement) de la réglementation. Et elle assume la responsabilité de restituer ces fonds au client selon les modalités convenues.

Nous verrons plus loin que cette dette fait parti du bilan de la banque. Pour comprendre ce qu’est réellement une banque, nous devons donc oublier l’image traditionnelle du coffre fort dans lequel notre argent nous attends tranquillement. Et cela, même sans considérer que les coffres forts ont été remplacés depuis longtemps par des ordinateurs.
Je le dis une seconde fois : Les dépôts sur votre compte bancaire ne vous appartiennent pas. Ils sont la propriété de la banque. Et celle-ci se retrouve avec une dette envers vous. Et cela change tout, car la banque, propriétaire de votre compte peut faire ce qu’elle veut avec cet argent sous réserve bien sûr de respecter la loi, et les réglementations bancaires.
Alors, surpris ? Si oui, vous pouvez laisser un petit commentaire ou me contacter directement à contact@epargnebourse.fr
Les banques ne sont effectivement pas des entreprises comme les autres. Elle sont propriétaires de nos dépôts bancaires. La banque a la capacité légale d’utiliser les dépôts de ses clients pour son propre bénéfice. On commence alors à comprendre pourquoi une faillite bancaire est un événement économique extrêmement grave : elle met en danger les dépôts des clients de la banque.
Une question se pose alors, si les banques peuvent utiliser l’argent de leur clients et doivent pouvoir rendre cet argent en cas de demande, combien de cet argent est disponible immédiatement ?
Et c’est là que va arriver la surprise #2
La Notion de Réserves Fractionnaires des banques
Surprise #2 :
Les banques, comme nous l’avons vu ont la propriété de nos dépôts et se sont engagées à nous les restituer. Mais avec le temps, elles ont constaté que nous ne venons que rarement exiger nos dépôts. Elles ne conservent donc pas la totalité des dépôts de leurs clients en réserves immédiates.

Les réglementations bancaires les obligent à maintenir une fraction des dépôts, appelée « réserve », sous forme d’argent liquide ou de réserves auprès de la banque centrale. Le reste est placé par exemple sur des obligations d’état. Le taux de ces réserves, est appelé réserves fractionnaires. Avec le temps, il n’a fait que diminuer.
En Europe, le taux de réserves fractionnaires varie en fonction des pays, mais il est généralement d’environ 1% à 2%. Aux États-Unis, le taux de réserves fractionnaires est actuellement de 10%.
Structure Bilancière d’une Banque
Afin de mieux appréhender la mécanique financière que gèrent les banques, il faut s’attaquer à un peu de comptabilité de base. Et en particulier à la notion de bilan bancaire.
C’est quoi un Bilan
Il y aura sur epargnebourse.fr des articles consacrés à la comptabilité et à l’analyse financière. Mais ce n’est pas encore le cas. Prenons un peu d’avance et regardons assez rapidement ce qu’est un bilan.
La comptabilité est une composante essentielle de la gestion financière des entreprises. Deux des principaux états financiers utilisés pour évaluer la santé financière d’une entreprise sont le bilan et le compte de résultat.
Le Bilan :
Le bilan est un état financier qui dresse une photo de la situation financière de l’entreprise à un moment donné. Il se divise en deux parties : l’actif et le passif.
- L’Actif : Cette section répertorie tout ce que l’entreprise possède, y compris ses liquidités, ses biens, ses créances, ses investissements, etc. L’actif représente les ressources que l’entreprise utilise pour générer des revenus.
- Le Passif : Le passif regroupe toutes les sources de financement de l’entreprise, y compris les dettes, les prêts, les obligations, et les capitaux propres des actionnaires. Le passif représente les moyens grâce auxquels l’entreprise a acquis ses actifs.
L’équation fondamentale du bilan est : Actif = Passif. Cela garantit que l’entreprise conserve un équilibre comptable.
Bilan d’une banque
De façon schématique et un peu simplifiée, un bilan bancaire typique est présenté de cette façon.

Le bilan d’une banque, son actif et son passif sont structurés autour de 5 classes :
- La classe 1 correspond aux opérations interbancaires celles que les banques réalisent entre elles. Quand les activités de la banque lui permettent de dégager des excédents de trésorerie, la banque peut décider de prêter ces excédents à d’autres banques. Dans le cas inverse la banque doit avoir recours au marché pour assurer son refinancement.
- La classe 2 regroupe les opérations avec la clientèle. À l’actif, les crédits accordés. Au passif, les dépôts des clients. Nous retrouvons là notre surprise #1. Nos dépôts sont devenus un moyen que la banque utilise pour financer ses achats d’actifs.
- La classe 3 comporte les opérations sur titres. À l’actif, les placements de la banque sur les marchés. Au passif, les titres de dettes que la banque émet pour se financer.
- La classe 4 correspond aux immobilisations cad les actifs demeurant durablement dans le patrimoine de la banque.
- La classe 5 comporte les fonds propres y compris les bénéfices non distribués.
Exemple du bilan de la BNP
Ces notions générales sont intéressantes, mais on peut se poser la question des proportions entre les différents postes du Passif.
Pour faire cette petite analyse j’ai utilisé le bilan financier de BNP Paribas de fin de premier semestre 2023.
BNP Paribas est une des très grandes Banques Française, elle jouit d’une excellente réputation en terme de solidité et de sérieux dans sa gestion. C’est aussi une entreprise complexe et je ne vais pas me livrer ici à l’analyse de ses rapports financiers. Je veux juste illustrer les grandes lignes de ce que nous venons de voir.
Le passif de la Banque, c.a.d. les moyens dont dispose BNP Paribas pour garantir ses actifs sont les suivants (chiffres en millions €) :

L’actif total de la banque se monte à 2671.18 milliards € :
- Les dépôts de ses clients représentent 977.67 milliards d’€ c.a.d. 37% des moyens dont elle dispose pour financer ses actifs. Dans le bilan, cette ligne est référencée comme « dette envers la clientèle ».
- Son capital , fourni par les actionnaires de la banque ne représente que 5% du bilan.
La banque, comme toutes les banques utilise ces actifs (dont vos dépôts). Dans le cas de la BNP, l’allocation est la suivante : Le passif (égal à l’actif) total de la banque se monte à 2671.18 milliards € :
- 302.75 milliards d’€ sont déposés à la banque centrale (BCE). Ils sont rémunérés par celle-ci
- 887.66 milliards sont placés en actifs financiers, produits dérivés, titres de dettes, …
- 1480.77 milliards d’€ correspondent au crédits accordés essentiellement aux particuliers, clients de la banque, mais aussi aux entreprises, …
- Les dépôts de ses clients représentent 977.67 milliards d’€ c.a.d. 37% des moyens dont elle dispose pour financer ses actifs. Dans le bilan, cette ligne est référencée comme « dette envers la clientèle ».
- Le reste, soit 475.9 milliard d’€ correspond à d’autres actifs tels que les placements liés à l’activité d’assureur de la banque, …
L’argent qui dort ?
Notre actuel ministre de l’économie, B. Lemaire a déclaré récemment :
L’épargne des Européens, c’est combien ? 35 000 milliards d’euros. 1/3 de cette épargne, plus de 10 000 milliards d’euros dort sur les comptes bancaires. L’argent des Européens ne doit pas dormir, il doit travailler à la croissance, il doit travailler à l’innovation, il doit travailler à la recherche, il doit travailler pour les entreprises, il doit travailler pour l’emploi.
https://www.vie-publique.fr/discours/293149-bruno-le-maire-23022024-politique-economique-europeenne#:~:text=1%2F3%20de%20cette%20%C3%A9pargne,doit%20travailler%20pour%20l’emploi.
Cette déclaration a fait grand bruit. Car elle est fausse, c’est même une totale aberration. Elle ne peut traduire qu’un manque cruel de compréhension ou une intention politique mal dissimulée. Comme nous venons de le voir avec l’exemple de la BNP, l’argent qui est sur nos comptes bancaires, ne dort pas. La banque le fait travailler, par exemple en finançant la dette de l’état Français. Triste de la part d’un ministre de l’économie …
Vous appréciez cet article, pourquoi ne pas le partager en un clic et faire connaître epargnebourse.fr ?
Gestion de la Structure Bilancière
La gestion de la structure bilancière est cruciale pour la stabilité et la rentabilité d’une banque. Les banques cherchent à équilibrer leurs actifs et leurs passifs tout en maximisant les rendements et en minimisant les risques. La gestion des liquidités, la diversification des actifs, la surveillance des taux d’intérêt, et la conformité aux réglementations sont autant d’aspects clés de la gestion de la structure bilancière.
A ce stade de la lecture, une question devrait se poser : Mais si nos dépôts, nos comptes bancaires sont des moyens aussi importants pour la banque, et si le taux de réserves fractionnaires et si faible, que se passe t-il si nous retirons massivement notre argent ?
Et c’est là qu’arrive la surprise numéro 3 : Et bien, c’est simple : C’est la panique bancaire, le Bank Run et ça se termine généralement très très mal et c’est ce que nous allons voir.
Bank Run : Panique Bancaire et ses Conséquences
Le « bank run » ou la « panique bancaire, » est un phénomène financier où un grand nombre de déposants d’une banque retirent subitement et massivement leurs fonds. Cela se produit quand les déposant craignent un défaut de solvabilité de l’établissement, voir une faillite.
Cette situation peut avoir des conséquences graves pour la banque et le système financier dans son ensemble.
Les phénomènes de bank run sont globalement assez rares. Mais ils font beaucoup de dégâts et de bruit.

Les Causes d’un Bank Run
Les bank runs sont souvent déclenchés par la perte de confiance des déposants dans la stabilité d’une banque. Les raisons peuvent être diverses, notamment des rumeurs de faillite, des problèmes de gouvernance, des pertes importantes, ou des crises économiques qui suscitent la peur parmi les déposants. S’agissant d’un phénomène collectif, il peut être amplifié par des comportements de psychologie collective.
Les Conséquences d’un Bank Run
- Instabilité Financière : Les retraits massifs de fonds entraînent une pression significative sur la liquidité de la banque. Cela peut la contraindre à vendre des actifs rapidement ou à emprunter pour satisfaire les retraits, ce qui peut affaiblir davantage sa position financière. En général, une banque ne survit pas à un Bank Run.
- Effet de Contagion : Les Bank Run peuvent se propager à d’autres établissements financiers. La méfiance qui s’installe peut conduire les déposants à retirer leurs fonds d’autres banques, entraînant ainsi une crise systémique.
- Impact sur l’Économie : Les Bank Run peuvent déstabiliser l’économie en réduisant la disponibilité de crédit, en augmentant les taux d’intérêt, et en affectant la confiance des investisseurs.
Les Mesures pour Prévenir un Bank Run :
Les autorités de régulation financière mettent en place divers mécanismes pour prévenir et gérer les bank run. Cela inclut les assurances sur les dépôts, qui garantissent que les déposants recevront leurs fonds jusqu’à un certain montant en cas de faillite de la banque.
En France la garantie des dépôts bancaires est plafonnée à 100.000 € par déposant et par établissement. Au delà, vous n’êtes pas protégé.
Les banques centrales peuvent également fournir des liquidités d’urgence aux banques en difficulté pour éviter une crise. Les banques peuvent aussi être nationalisées ou rachetées par des banques plus puissantes et plus solides. Cela a été le cas en Juin 2023 pour Crédit Suisse repris par UBS.
En France, la Loi Sapin 2 donne aux autorités des outils supplémentaires pour faire face à des situations de crise financière et préserver la stabilité du système financier. Cependant, elles suscitent parfois des inquiétudes concernant les droits des déposants et la protection de leurs fonds :
- Limitation de l’accès aux dépôts bancaires : La Loi Sapin 2 prévoit que, en cas de crise financière grave, les autorités financières peuvent mettre en œuvre des mesures de limitation de l’accès aux dépôts bancaires. Cela signifie que les déposants pourraient être temporairement empêchés de retirer leurs fonds au-delà d’un certain seuil pour prévenir un bank run. Cette disposition vise à protéger la stabilité du système financier en cas de panique bancaire.
- Possibilité de séquestre : La loi permet également aux autorités de mettre en œuvre des mesures de séquestre sur les actifs d’institutions financières en difficulté. Ces mesures visent à protéger les intérêts des déposants et à éviter la faillite de l’institution. Le séquestre peut être utilisé comme un moyen de restructuration ou de sauvetage de la banque en difficulté (voir le cas de la SVB plus loin).
Il existe de multiples possibilités d’éviter un Bank Run et de traiter ses conséquences quand il se présente. Et il faut bien reconnaitre que pour ce qui est des banques des grands pays occidentaux et des dernières dizaines d’années, aucun Bank Run n’a causé la ruine des déposants. Des actionnaires ont été ruinés, des banques ont fait faillite, des salariés de banques ont perdu leurs emplois. Mais les autorités ont toujours trouvé un moyen pour protéger les déposants et éviter l’effondrement du système.
Le Bank Run et la faillite de la SVB
Les bank runs ont une longue histoire, avec des exemples notables comme la panique bancaire de 1907 aux États-Unis et la Grande Dépression des années 1930. Plus récemment, la crise financière de 2008 a mis en évidence les risques liés aux bank runs.
Mais les Bank Run se produisent parfois encore en 2023. Le plus impressionnant est celui de la SVB (Silicon Valey Bank) en Mars 2023.
Tout se passait bien en 2021 pour la Silicon Valley Bank, basée dans la baie de San Francisco, elle était la banque de référence des startup Californiennes et de leurs riches dirigeants. La SVB avait placé une très grande partie des dépôts de ses client en bons du trésor Américain à long terme. Cela lui garantissait une excellente rentabilité.
Quelques jours avant la crise de Mars 2023, la Silicon Valley Bank, était la 16 e plus grande banque des Etats-Unis. Elle détenait 172 milliards de dépôts bancaires.
Mais elle n’avait pas anticipé correctement l’impact de la hausse des taux de la FED :
- Petit à petit, la valeur de ses anciens bons du trésor se mit à baisser au fur et à mesure que l’état Américain en émettait de nouveaux offrant de meilleurs rendements. Sous la surface bien lisse de la baie de San Francisco, le tsunami se préparait.
- Les start-up Californiennes, elles-aussi confrontées à cette hausse des taux voyaient leurs trésoreries diminuer. Elles devaient retirer de plus en plus de fonds de leurs comptes pour financer leurs opérations courantes.
- La SVB voyait ainsi baisser la quantité d’argent disponible pour détenir des obligations d’Etat. Elle n’avait plus d’autres choix que de vendre une partie de ses bons du trésor, à perte pour rembourser ses déposants.
La vague géante se levait en approchant des cotes Californiennes.
Le 8 Mars, SVB annonçait qu’elle avait vendue 21 Milliards d’actifs à échéance courte, emprunté 15 autres milliards et devait encore vendre 2.25 milliards de bons du trésor à long terme (et donc à perte). Son bilan était en pleine déconfiture.
Le 9 Mars, le Tsunami écrase la SVB. L’information de sa très mauvaise situation se répand sur les médias sociaux, à la vitesse d’une trainée de poudre. Les clients les mieux informés se précipitent pour retirer leurs avoirs, les autres les suivent et 42 milliards $ sortent de la SVB en une journée. C’est le plus gigantesque Bank Run en aussi peu de temps de toute l’histoire des banques.
Les autorités de tutelle craignent à juste titre que la centaine de milliards de dépôts restant ne soit exigée par les clients dès le lendemain. Elles redoutent que la panique ne se propage en quelques jours, voir quelques heures à l’ensemble du système bancaire avec à la clef une crise financière pouvant faire passer celle de 2008 pour une douce séance d’échauffement.
Le 10 Mars, aux premières heures, le Département Californien de la Protection Financière saisi la SVB et la place sous séquestre de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC).
Afin de couper court à la panique, les autorités fédérales décident de transgresser la règle qui limite le montant des dépôts garantis à 250.000$. Elles annoncent que la totalité des dépôts seront garantis. C’est ainsi 100% des dépôts qui sont protégés au lieu des 10% normalement protégés (compte tenu de la taille des comptes). Les cotations de l’action de la SVB qui s’était déjà effondrée sont arrêtées définitivement. Les actionnaires ne reverrons jamais leur argent.
Finalement, les clients sont sauvés, les actionnaires de la banque perdent tout, les dirigeants et les salariés sont remerciés.
Il est intéressant de noter qu’entre 2021 et début 2023, la Fed, en tant que régulateur bancaire avait conduit plusieurs audit de la SVB. Elle avait relevé un nombre croissant d’anomalies. Elle avait par exemple pointé le fait que la SVB utilisait des modèles d’évaluation erronés. Ces modèles laissaient croire à la SVB que l’augmentation des taux d’intérêt allait être bénéfique en augmentant la rentabilité de ses placements financiers. Moody’s (agence de notation) avait aussi averti la SVB une semaine avant le banque run, qu’ils envisageaient une double dégradation de la note de la banque.
Un autre fait intéressant : Le 27 février, le PDG de SVB, Greg Becker, a vendu pour 3,6 millions de dollars de la société ce qui a été très critiqué compte tenu de la suspicion de délit d’initié. Cela a par la suite conduit à un durcissement réglementaire.
Les avantages du système
Le système des banques commerciales et des réserves fractionnaires a été largement adopté dans de nombreux systèmes financiers à travers le monde. Ce système présente plusieurs avantages pour l’économie. Voici quelques-uns des avantages généralement associés à ce système :
- Mobilisation de l’épargne et allocation efficace des ressources : Les banques commerciales permettent la collecte de dépôts auprès du public, mobilisant ainsi l’épargne. Cela crée un pool de ressources financières que les banques peuvent utiliser pour accorder des prêts à des emprunteurs, stimulant ainsi l’investissement et la croissance économique. Ce qui en retour augmente le taux d’emploi et assure des recettes fiscales aux Etats.
- Intermédiation financière : Les banques agissent en tant qu’intermédiaires entre les déposants et les emprunteurs. Cela facilite le processus de prêt et d’emprunt, contribuant à une utilisation plus efficace des ressources financières.
- Création de monnaie : Grâce au mécanisme des réserves fractionnaires, les banques ont la possibilité de créer de la monnaie sous forme de prêts. Cela peut stimuler l’activité économique en augmentant la quantité totale de monnaie en circulation.
- Fonction de surveillance et d’évaluation des projets d’investissement : Les banques, en tant que prêteurs, effectuent des évaluations rigoureuses des projets d’investissement avant d’accorder des prêts. Cela contribue à l’allocation de ressources vers des projets plus viables et à la réduction des risques liés à l’investissement.
- Facilitation des transactions : Les banques offrent des services de paiement et de transaction, facilitant le commerce et les échanges économiques. Les transactions électroniques, les chèques et les cartes de crédit sont des exemples de produits financiers qui simplifient les échanges.
- Stabilité du système financier : Le système des réserves fractionnaires, lorsqu’il est géré de manière prudente, peut contribuer à la stabilité financière tout en assurant une distribution équilibrée du crédit et en minimisant les risques systémiques.
Cependant, ce système présente aussi des inconvénients, en particulier le risque de panique bancaire (Bank run). Les gouvernements et les organismes de réglementation jouent un rôle crucial dans la surveillance et la régulation du système bancaire pour atténuer ces risques. Ce point est particulièrement vital pour certaines banques, celles qui sont devenu systémiques.
Banques Systémiques
Certaines banques commerciales sont tellement gigantesques, tellement interconnectées avec l’ensemble de l’économie qu’elles sont désignées comme « banques systémiques ». Une faillite de l’une de ces banques pourrait provoquer des perturbations irréparables dans l’économie. Cela justifie une réglementation et une surveillance plus stricte. En conséquence, les banques systémiques sont tenues de maintenir des niveaux de capital plus élevés pour absorber les pertes potentielles.
Aux États-Unis :
Aux États-Unis, les principales banques systémiques sont identifiées et classées par la Réserve fédérale (Fed) et d’autres organismes de réglementation. Voici quelques-unes des banques systémiques aux États-Unis en 2022 :
- JPMorgan Chase & Co.
- Bank of America Corporation
- Wells Fargo & Co.
- Citigroup Inc.
- Goldman Sachs Group, Inc.
- Morgan Stanley
- State Street Corporation
- BNY Mellon
Dans la Zone Euro :
Dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) et l’Autorité bancaire européenne (ABE) jouent un rôle clé dans la désignation des banques systémiques. Les critères comprennent la taille des actifs, l’importance systémique et d’autres facteurs. Les banques systémiques dans la zone euro en 2022 incluent :
- Deutsche Bank (Allemagne)
- Société Générale (France)
- BNP Paribas (France)
- UniCredit (Italie)
- Intesa Sanpaolo (Italie)
- Santander (Espagne)
- BBVA (Espagne)
- ING Group (Pays-Bas)
Nous avons vu plus haut que la taille du bilan de BNP Paribas était de 2671.18 milliards € fin Juin 2023. On est vraiment là dans le gigantesque.
Conclusion
Les banques commerciales jouent un rôle vital dans l’économie mondiale en tant que gardiennes des dépôts, fournisseurs de crédit, créatrices de monnaie, et débitrices envers leurs clients. Le système de réserves fractionnaires, bien que complexe, est un pilier de leur fonctionnement. La relation entre les banques commerciales et leurs clients est basée sur la confiance, la sécurité, et la prestation de services financiers. Les modèles économiques des banques commerciales sont essentiels à la croissance économique, et les banques systémiques sont soumises à des réglementations spécifiques pour éviter des crises financières majeures.
Il est crucial pour un investisseur et un trader de comprendre le rôle des banques commerciales dans l’économie pour apprécier leur impact sur notre système financier global.
A vous de jouer !
Cet article touche à sa fin, et j’espère qu’il vous a apporté des pistes de réflexion intéressantes. Si vous l’avez trouvé utile, n’hésitez pas à le partager en un clic :
Pour ne rien manquer de l’actualité d’epargnebourse.fr, inscrivez-vous dès maintenant à la Newsletter Hebdomadaire et recevez directement les dernières analyses et tendances du marché :