Modifié le 28 février 2025 par epargnebourse.fr
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Parmi les questions des investisseurs il en est une qui revient souvent : Comment choisir une action à mettre en portefeuille.
Une grande partie de la réponse à cette question se trouve dans l’analyse fondamentale. Au-delà des fluctuations quotidiennes, cette approche dévoile les secrets des valorisations et des forces qui animent la performance des actifs. Dans cet article, nous plongerons dans les tenants et aboutissants de l’analyse fondamentale, enrichissant notre compréhension des marchés financiers.
Cet article dédié à l’analyse fondamentale des sociétés, introduit la notion de juste valeur et traitera très brièvement de la gouvernance des sociétés. D’autres articles suivront pour décrire de façon plus détaillée les modèles de valorisation DCF, …
L’analyse fondamentale est particulièrement utile pour les investisseurs de moyen terme pratiquant le stock picking.
Les Fondements de l’Analyse Fondamentale
Juste valeur et cours de bourse
Il est assez courant de considérer que la valeur d’une action est égale à son cours de bourse. Ce n’est généralement pas vrai. Le cours de bourse fluctue, il est entrainé par de multiples facteurs et peut s’éloigner de la valeur réelle.
Warren Buffett, légende de l’investissement, le souligne en disant : « Le prix, c’est ce que vous payez. La valeur, c’est ce que vous obtenez. »
Warren Buffett, comme très souvent nous livre là une clef d’analyse précieuse.
Alors que le cours de bourse représente le prix auquel une action est actuellement négociée sur le marché, la juste valeur, elle, reflète l’estimation objective de la valeur intrinsèque d’un actif. Vous pouvez parfois lire le terme Anglais : « Fair Value ».
Cette notion de juste valeur est très utilisée par les grands fonds, par les sociétés spécialisées dans les fusions et acquissions pour éviter de surpayer un actif.
Le cours de bourse est souvent soumis aux fluctuations quotidiennes du marché, influencées par des facteurs tels que :
- l’offre et la demande,
- les nouvelles économiques et les tendances du marché
- les effets de mode,
- la psychologie des foules
- les discours, parfois d’un optimisme discutable et déconnectés de la réalité des dirigeants d’entreprises,
- …
En revanche, la juste valeur cherche à évaluer l’actif en se basant sur :
- Des hypothèse clefs sur les perspectives à 12 ou 36 mois, telles que les résultats financiers, les perspectives de croissance, et d’autres indicateurs économiques.
- Et des modèles de valorisation, il en existe beaucoup et il ne sont pas très difficiles à utiliser
Alors que le cours de bourse peut parfois être soumis à des variations irrationnelles et émotionnelles, la juste valeur offre une perspective plus fondamentale et à long terme. Elle donne un cap aux investisseurs.
Changement de prix ou changement de la « juste valeur »
Nous vivons dans un monde de consommation. Nos esprits sont même forgés par cela. Nous avons pris l’habitude d’acheter des produits et nous ne faisons généralement pas beaucoup de distinction entre prix et valeur.
En tant qu’investisseur, nous devons oublier notre raisonnement de consommateur et adopter un autre type de raisonnement. Nous devons déterminer une « juste valeur » et attendre que le prix vienne à sa rencontre pour acheter. Et s’il ne vient jamais, ça n’est pas grave, nous achèterons une autre action dont le prix sera venu sous la juste valeur.
En tant qu’investisseur, nous devons aussi nous départir impérative du biais suivant :
- Prix en baisse = Pas cher = c’est le moment d’acheter
- Prix en hausse = Cher = c’est le moment de vendre
Ces deux lignes sont souvent vraies dans notre vie de consommateur mais en bourse, les choses ne marchent pas ainsi. Généralement, quand le prix d’une action baisse violement, c’est que les nouvelles de la société sont mauvaises. Son Chiffre d’Affaires peut être en baisse ou elle a perdu un très gros contrats, …
Cette façon de croire qu’une baisse doit déclencher un achat a ruiné beaucoup plus de boursicoteurs que probablement n’importe quelle cause. Il ne faut pas raisonner seulement sur le prix, il faut aussi raisonner sur la juste valeur.
Illustrons cela par un exemple à la baisse.
-60% sur le papier toilette valable jusqu’à ce soir
Nous ne connaissons pas forcément le prix du papier toilette mais quand une marque affiche : « promo de 60% sur les 12 rouleaux » valable aujourd’hui seulement. On peut en acheter en se disant que l’on en aura besoin un jour prochain et que demain il reviendra au prix d’avant la promo.
En général, en bourse, la promo (baisse du prix importante) n’est pas une bonne affaire. Et pourtant, combien de fois avez vous lu : « Cette société est une affaire, son cours de bourse s’est effondré de 30%, c’est les soldes, j’ai fait le plein ».
Rendez vous service, apprenez cela par cœur : Une baisse de prix ne veut pas dire que l’action est une bonne affaire, c’est même souvent l’inverse. Bien sur il existe des exceptions, des aberrations de marché, de vraies bonne affaires. Mais pour les détecter il faut calculer la juste valeur.
Mais, trop rares sont les investisseurs qui vérifient si le prix a baissé suffisamment pour être en dessous de la juste valeur. Ils se contentent d’appliquer le même raisonnement que dans un super marché : « Super Promo sur le papier toilette, dépêchez vous ça ne durera pas ». Ne faites pas comme eux.
Exemple Orpea
Voici un exemple sur la société Orpea dont le cours de bourse a subi une baisse en ligne droite de 107 à 35 € en quelques semaines. La baisse la plus violente le 24 Janvier 2022 ayant été déclenchée lors de la parution du livre les fossoyeurs qui dénonçait des faits de négligence envers les résidents :

A ce moment là, sur les forums, vous pouviez lire une multitude de messages du type :
- A ce prix là c’est kdo
- J’ai triplé ma ligne, ca peut pas aller plus bas
- All In
- Je me suis gavé j’ai acheté tout ce que je pouvais
- L’affaire du siècle
- grosse manip, les « vadeurs » massacrent la valeur pour acheter au plus bas, ne les laissons pas faire
- …
Ces messages sont généralement accompagnés par une absence totale d’argumentation, rien, le néant, le vide intergalactique du raisonnement.
D’ailleurs, pas besoin d’argumenter : C’est évident, il faut acheter puisque c’est pas cher.
Et ces messages sont toujours les mêmes. Chaque grosse baisse réveille les mêmes attitudes.
Regardons la suite pour la pauvre société Orpea :

La super promo à 35 € est maintenant en haut à gauche du graphique. Le cours a continué de s’effondrer, il est en dessous de 10€ sur ce second graphique. Et les acheteurs impulsifs, ceux qui clamaient que Orpea n’était « pas chère » on passé un très mauvais et très long moment.
Que s’est il passé : Bien sur il y a eu la publication du livre « les fossoyeurs », mais cela n’a été qu’un déclencheur et un amplificateur. La réalité c’est qu’en 2021, le marché était grisé par un effet de mode et anesthésié par une communication bien orchestrée de la société. Il avait oublié les fondamentaux de la société. Le prix était déconnecté de la juste valeur dans des proportions très importantes.
Laissez moi illustrer mon propos. Fin 2021 avant la grosse baisse qui figure sur le premier graphique, certains critères de valorisation étaient bien trop excessifs :
- PER (Le rapport entre le cours et le bénéfice) :
- L’indicateur de référence pour mesurer la « cherté » d’un titre
- Il était de 44. C’est beaucoup beaucoup trop cher. Entre 2 et 3 fois trop cher.
- On paye cela pour des sociétés en très très forte croissance.
- A titre de comparaison, le PER d’Apple qui n’est pas donné a un PER de 23.5. Mais c’est un leader mondial et une société fantastique.
- Dette :
- La dette était de 11 fois l’EBITDA.
- Là aussi, c’est beaucoup trop cher.
- En particulier pour une société (voir ci-dessous) qui n’est que faiblement rentable
- Rentabilité des capitaux propres :
- C’est un excellent indicateur permettant d’analyser la capacité de la société à générer du profit
- Il était de 2.6%,
- C’est très bas.
- A titre de comparaison celui de LVMH est de 21%
Seul le CA (chiffre d’affaires) était en croissance de 9.6%. Mais la croissance du revenu sans l’augmentation des profits n’a généralement pas de sens.
Une analyse même rapide de la juste valeur aurait probablement donné un objectif de cours de 30 à 50 en 2021. Et cela avant même la publication du livre « les fossoyeurs ».
NB : La publication du livre a été un événement médiatique catastrophique qui dénonçait des pratiques détestables sur le cœur même de l’activité de la société. Il fallait d’urgence changer les hypothèses, et recalculer la juste valeur. Ce n’était pas une promo. La baisse était le signe d’une société en perdition. Et surtout pas un signal d’achat.
Des hausses impressionnantes
Nous venons de voir un exemple de baisse catastrophique. Heureusement, les marchés sont pleins d’histoires de croissance exponentielle des cours de bourse.
Cela correspond à des sociétés dont la juste valeur n’a fait que croitre de façon quasi constante grâce à des choix stratégiques géniaux, une innovation constante, des produits fantastiques, une exécution sans faille, à un management talentueux, …
Pensez aux investisseurs qui ont su analyser la juste valeur de :
- Hermes
- LVMH
- Ferrari
- Tesla
- Meta (Facebook)
- Alphabet (Google)
- Microsoft
- …
Une approche dynamique
Les exemples précédents me donnent l’occasion d’insister sur un point. La juste valeur n’est pas figée. Elle évolue au fur et à mesure que la société progresse en bien ou en mal. Il faut donc actualiser votre analyse fondamentale lors de chaque publication. Généralement chaque trimestre.
Il en est de même lors des événements majeurs : perte ou gain de très gros contrats, bad buzz, …
Méthode pour investir grâce à la juste valeur
Nous allons voir plus loin comment calculer la « juste valeur ». Mais commençons pas regarder comment l’utiliser.
Pour cela, prenons un exemple avec le graphique ci-dessous. Grâce à son travail d’analyse fondamentale, l’investisseur a déterminé que :
- la juste valeur se situe entre 150 € et 180 € pour 2023-2024
- sa marge de prudence est de 15%
Il a donc pris la décision qu’il achètera dès que le prix sera en dessous de 127.5 (150-15%).
Il n’a plus qu’à attendre que le prix vienne en dessous de 127.5 pour acheter.

Affiner le « timing » grâce à l’analyse technique
L’analyse fondamentale est une technique d’investissement très puissante. Mais, on peut lui adjoindre une approche complémentaire (non obligatoire). Le plus souvent, le cours ne va pas rebondir juste sur votre prix d’achat.
Parfois il remontera alors qu’il est encore au dessus. Et parfois, il va descendre encore un moment.
Pour optimiser votre point d’entrée et votre point de sortie vous avez tout intérêt à maitriser les bases de l’Analyse Technique. Ce sujet fera l’objet d’une série d’articles.
Déterminer la « Juste Valeur » par l’analyse fondamentale
Pour déterminer la « juste valeur », vous allez conduire ce que l’on appelle une analyse fondamentale. Pour cela, vous allez :
- Définir des hypothèses concernant le futur de la société (Chiffre d’affaire, Rentabilité, Dette, …)
- Injecter ces hypothèses dans un modèle de valorisation qui calcule mécaniquement la juste valeur
- Ajouter une marge de prudence pour pouvoir absorber les éventuelles erreurs
Une fois complétée votre analyse fondamentale, vous aurez un bonne compréhension de la société et vous pourrez investir en toute connaissance de cause.
Autres bénéfices de l’analyse fondamentale
Grace à l’analyse fondamentale, vous allez améliorer considérablement votre connaissance d’une entreprise donnée ce qui est l’objectif initial.
Mais vous allez aussi développer une nouvelle compétence. Vous allez progresser de façon importante sur votre compréhension de l’économie et des différentes méthodes d’analyse. Selon votre profession et votre environnement, ces compétences analytiques et cette culture générale peuvent vous être très utiles.
Astuce pour les parfaits débutants
Vous êtes un parfait débutant en analyse fondamentale et l’approche que j’expose vous fait un peu peur. Je vous conseille de vous simplifier la vie. Commencez par vous focaliser sur des actions de secteurs d’activité qui vous sont familiers.
Vous êtes cinéphile : Etudiez Netflix, Disney, Warner, …
Vous travaillez dans une compagnie Aériennes : Etudiez Air France-KLM, Easyjet, Ryan Air, Aéroport de Paris, …
Vous êtes passionné d’automobile : Etudiez Ferrari, Tesla, Stellantis, Michelin, …
Vous êtes étudiant en médecine ou médecin : Etudiez des laboratoires pharmaceutiques, des sociétés qui font de l’hospitalisation à domicile, …
Mais surtout, ne faites pas l’économie de cette étape. Combien de boursicoteurs ont investi dans :
- Orpea sans comprendre qu’une maison de retraite d’un point de vu financier, c’est avant tout : Beaucoup de frais de personnel, et beaucoup d’actifs immobiliers financés par la dette. Cocktail terrible en période d’inflation et de taux d’intérêt hauts.
- Hopium sans comprendre que le très mauvais mauvais rendement énergétique de l’hydrogène en fait la solution la plus stupide pour déplacer une voiture.
Abordez cette phase avec la curiosité d’un jeune enfant.
Phase 1 : Définir les hypothèses
Vous avez choisi une société à analyser. La première étape de l’analyse fondamentale est de définir les hypothèses que vous injecterez dans un modèle de valorisation.
Pour cette première phase, on va regarder quatre grands volets :
- Un volet familiarisation qui ne nécessite que du bon sens et va vous permettre d’identifier le portefeuille :
- d’activités,
- de produits, de services
- Un volet marché qui n’est pas très compliqué et va vous apporter :
- Compréhension du portefeuille d’activités, des produits, des services
- Evaluation du marché
- Evaluation des principaux concurrents
- Evaluation de la perception des clients
- Un volet analyse des choix stratégiques, permettant de vérifier si les choix de la société sont alignés avec votre compréhension du marché
- Un volet financier, plus technique qui vise à comprendre :
- les rapport financières de la société
- les rapports des analystes
- ceux des concurrents
- Un volet gouvernance et actionnariat, lui aussi basé sur du bon sens
- Etude de la structure actionnariale
- Etude des dirigeants, de leur Track record, de leur type de rémunération de leurs mouvements en tant qu’actionnaire
Je parle de volets plutôt que d’étapes car vous ne devez pas forcément faire ce travail de manière séquentielle.
Par ailleurs, ne soyez pas rebuté par la liste ci-dessus. Il vous appartient de décider jusqu’à quel niveau vous voulez pousser le travail d’analyse avant d’investir.
Familiarisation
Charlie Munger : « Vous devez savoir dans quelle entreprise vous investissez et pourquoi. Si vous n’êtes pas capable d’expliquer cela clairement, alors vous ne devriez pas faire cet investissement. »
Avant d’investir votre argent, vous devez comprendre les activités de la société dans laquelle vous envisagez d’investir. C’est un petit travail de recherche plutôt sympathique à effectuer d’ailleurs.
Une fois les activités identifiées, attachez vous à comprendre ses principaux produits et services.
Quand cela vous est possible, utilisez les produits, allez les voir, testez les. Discutez avec des vendeurs, comme si vous étiez un client éventuel. Discutez avec des clients. Si vous ne pouvez pas les « toucher » vous même, cherchez des sites avec des avis de clients. Evidement, cela est plus facile pour une société qui vend directement aux consommateurs qu’une société qui vend à d’autres entreprises. Mais personne ne vous oblige à investir dans un fabricant de moteurs d’avions de chasse ou une mine de platine si vous ne connaissez pas le sujet.
Vous vivez une époque digitale incroyablement riche d’informations, alors, fouillez les avis des clients : Google, Amazon, …
Analyse du marché (terrain de jeux) de la société
Une fois les activités de l’entreprise identifiées, il convient de s’attaquer à l’analyse stratégique des marchés. C’est une étape cruciale pour comprendre l’environnement dans lequel une entreprise opère. Voici les étapes clés de cette analyse :
- Définition du périmètre de marché :
- en termes de géographie,
- en terme de segments de clients,
- Analyse de la dynamique de l’offre et de la demande :
- Évaluer la demande actuelle et future pour les produits ou services : La société a t-elle des clients vieillissant, est-elle portée par une tendance de fond (IA, Electrification, …)
- Comprendre les facteurs qui influent les préférences des clients (est ce le prix, est-ce la marque, …)
- Ainsi que les tendances de consommation (Digitalisation, …)
- Analyse de la concurrence :
- en terme de part de marché,
- de dynamique de croissance,
- d’avantage (ou de faiblesse) concurrentielle
- Analyse des fournisseurs (quand cela est pertinent) :
- Identifier les principaux fournisseurs de l’entreprise
- la stabilité et la fiabilité des fournisseurs.
- Analyser la puissance de négociation des fournisseurs.
- Analyse des clients :
- Identifier les grands segments de clients (Nationalité, Catégorie sociale, …).
- Comprendre les besoins, les préférences et les comportements d’achat des clients sur ce marché.
- Évaluer la puissance de négociation des clients, leur capacité à se passer du produit, du service
- Evaluer la puissance de la marque auprès des clients. C’est un point important en terme de pricing power
- Analyse les risques extérieurs :
- Examiner les facteurs politiques, économiques, sociaux, technologiques, environnementaux et légaux qui peuvent influencer le marché.
- Identifier les tendances émergentes qui pourraient avoir un impact sur le marché.
- Anticiper les changements technologiques, les évolutions réglementaires, les changements dans le comportement des consommateurs, etc.
Pour faire cela, vous pouvez commencer par lire les présentations stratégiques :
- De la société que vous analysez
- du concurrent leader du marché
- du concurrent qui a les plus forte progression de parts de marché
Armés de ces documents, vous pouvez construire un petit document ou un tableau avec les rubriques que je viens de vous indiquer.
Analyse des choix stratégiques de la société
A ce stade, vous :
- Avez une bonne compréhension des activités de l’entreprise identifiée, de ses produits de ses services
- Avez cerné le marché, son périmètre, sa dynamique, les forces en présence
Il vous faut passer à l’avant dernière étape : Comprendre quels sont les choix que fait la société pour gagner davantage de part de marchés et augmenter sa profitabilité.
La notion de choix est indissociable de celle de stratégie. Et malheureusement, trop souvent, on peut lire des présentations de stratégies d’entreprises qui ne comportent aucun choix clair. Ce sont de longs plans d’actions, un concours de beauté. Mais aucun choix clair. Or pour gagner une guerre économique, il faut choisir les batailles que l’on veut gagner, le moment de l’affrontement, les moyens que l’on va aligner.
Là aussi, nourrissez vous des présentations aux actionnaires :
- De la société que vous analysez
- du concurrent leader du marché
- du concurrent qui a les plus forte progression de parts de marché
Si les informations fournies par la société ne sont pas claires, pas percutantes laissez tomber. Passez à une autre société. Une société qui n’a pas une stratégie claire, qui ne fait pas de choix va couter de l’argent à ses actionnaires. Laissez cette place à d’autres.
Je ferai plus tard d’autres articles sur le sujet de l’analyse stratégique mais ce paragraphe vous donne déjà des clefs pour faire infiniment mieux que ce que font la quasi totalité des investisseurs individuels.
Analyse des rapports financiers
Cette partie est plus technique de l’analyse fondamentale. Pour l’aborder concrètement, vous devrez connaitre quelques bases de comptabilité analytique. Il n’y a rien d’insurmontable en la matière mais la comptabilité analytique comporte des outils et un vocabulaire qu’il faut connaitre.
Comme l’affirme Peter Lynch, un géant de l’investissement, « Le temps que vous passez à étudier les aspects financiers d’une entreprise est du temps très bien investi. ».
Vous allez analyser les données financières de la société et si possible de ses concurrents. Votre objectif est d’établir une estimation de ces données pour les 12 à 24 mois à venir. Ce sont ces hypothèses que vous injecterez dans les modèles de valorisation.
Pour analyser les données financières de la société, vous utiliserez :
- Les rapports financiers fournis par l’entreprise. Et en particulier le bilan, le compte de résultat. Et si besoin, l’état des flux de trésorerie et ‘état des capitaux propres.
- Ses prévisions financières
Afin d’avoir une meilleure compréhension, je vous conseille d’écouter la dernière conférence call disponible. Elles sont généralement disponibles sur le site web de la société dans la rubrique « investor relation ». Vous pouvez soit les écouter, soit lire leur transcription. Elles vous permettront d’entendre la direction de l’entreprise discuter des résultats, des défis et des stratégies futures. Vous pourrez aussi connaître ses réponses aux questions des analystes et des grands actionnaires. Si vous prévoyez d’investir une somme importante pour vous, je vous recommande vraiment d’écouter les conf call.
Examen de la gouvernance de la société
Ce sujet n’est pas toujours inclus dans l’analyse fondamentale. Je le considère pourtant essentiel. Il s’agit de passer en revue une liste de bonnes pratiques plutôt que de faire une analyse approfondie.
Je partage donc avec vous les questions que je me pose :
- L’Etat est il un actionnaire important, est-il représenté au conseil d’administration ?
- Si oui, personnellement, je considère que c’est un NoGo.
- L’Etat et les politiques suivent leur propre logique qui est rarement compatible avec la bonne gestion des entreprises.
- Les exemples sont malheureusement nombreux d’intervention des politiques et de l’Etat qui se sont traduits par la ruine des actionnaires.
- Qui sont les membres du conseil d’administration ?
- Une majorité de grands noms, réputés pour leurs réussites dans la conduite d’entreprises, de fonds d’investissements, … est une nécessité absolue.
- Là aussi, je considère comme un no go : les anciens ministres, les politiques, les hauts fonctionnaires, … Ces gens savent comment dépenser de l’argent obtenu de force par l’impôt. Ils ne savent pas aider une entreprise à innover et à satisfaire ses clients. Ils ne savent pas challenger et guider une équipe de direction.
- Le dirigeant (PDG, DG) de la société, a t–il un track record ? Il faut s’intéresser à ce que le dirigeant a déjà réussi dans sa carrière. A t-il déjà obtenu de grands succès actif dans cette société ou ailleurs ?
- Le dirigeant (PDG, DG) de la société, est-il fiable ? A t-il tenu les engagements pris lors des réunions d’actionnaires précédentes. S’il n’a pas réussi à les tenir, blâme t-il le marché, les concurrents, les clients ou fait-il acte de responsabilité en endossant une partie de la responsabilité ?
- De quoi parle le dirigeant (PDG, DG) de la société ?
- Personnellement, je préfère investir dans des sociétés dont les dirigeants sont passionnés par leurs produits, leurs services.
- Je veux entendre un visionnaire autant qu’un gestionnaire
- Un nogo est pour moi est typiquement le dirigeant technocratique qui passe son temps à parler de sa société de ses process, de ses états financiers, bref de son petit royaume mais pas de ses produits, ni de ses clients.
- Un nogo est aussi les dirigeants arrogants, qui méprisent les concurrents. J’aime bien sentir une certaine dose de saine paranoia.
Phase 2 : Calcul de la Juste Valeur
Grace à la phase 1 de l’analyse fondamentale, vous vous êtes familiarisé avec la société, ces produits, ses services. Vous avez analysé ses marché. Compris ses choix stratégiques et jugé de leur adéquation avec le marché. Vous vez lu les rapports financiers.
Vous êtes maintenant capable de poser vos hypothèses concernant les données financières des 12 à 24 mois à venir.
Les modèles de calcul de la Juste Valeur (Fair Value)
Au cœur de l’analyse fondamentale réside la quête de la « juste valeur » ou « fair value ». Cette notion, popularisée par le légendaire investisseur Benjamin Graham, représente le prix que l’on estime être équitable pour un actif, en tenant compte de ses caractéristiques fondamentales. Plusieurs modèles de valorisation sont utilisés par les analystes pour estimer cette juste valeur.
Modèles de Valorisation les Plus Utilisés
- DCF (Discounted Cash Flow) : Ce modèle est basé sur la projection des flux de trésorerie futurs de l’entreprise et les actualise pour refléter leur valeur présente. Il offre une vision approfondie de la performance future.
- Comparables (Multiples) : En comparant les ratios financiers d’une entreprise avec ceux d’entreprises similaires déjà cotées, les analystes peuvent estimer sa juste valeur relative.
- Modèle de Croissance des Dividendes : Ce modèle se concentre sur les dividendes versés par une entreprise, prédisant la croissance future de ces paiements pour évaluer la valeur actuelle. Ce modèle n’est pas applicable dans tous les secteurs. Les entreprises de la tech Américaine ne versent pratiquement pas de dividende alors qu’eles ont créé énormément de valeur.
- Évaluation des Actifs : Certains analystes utilisent la valeur nette des actifs tangibles d’une entreprise pour déterminer la juste valeur, en considérant les biens physiques et les propriétés intellectuelles.
J’ajouterai ultérieurement des articles et des exemples pour chacun de ces modèles de valorisation.
Vous pouvez trouver des modèles sur Internet, et il existe même des sites web payant fournissant ces modèles préremplis pour les principales sociétés cotées.
Phase 3 : Prendre des marges d’erreur et de plus value
Vous avez grâce à la phase 2 calculé ce qui vous semble un cours cible pour la société basé sur la juste valeur.
Mais, personne n’est infaillible. Il est donc préférable d’ajouter une marge d’erreur. Ainsi que la plus value que vous espérez.
Concrètement :
- si la juste valeur ressortant de votre calcul est de 100 €
- vous allez ajouter une marge d’erreur de 25%
- et un minimum de plus value, par exemple 15%
Vous allez donc être à l’achat si le cours passe sous : (100-25%)-15% = 64 €
Conclusion et résumé
Cet article sur l’analyse fondamentale se termine. J’espère qu’il vous aidera à mieux comprendre comment investir en bourse grace au stock picking. Il nécessite probablement d’être lu plusieurs fois compte tenue de la richesse du contenu. Je viens de vous décrire les grandes étapes qui vous permettront d’analyser une société et de déterminer la juste valeur de ses actions.
Nous avons vus qu’il convient de :
- Comprendre le contexte macro-économique
- Comprendre la différence entre prix et juste valeur
- Définir des hypothèses concernant le futur de la société (Chiffre d’affaire, Rentabilité, Dette, …) et que pour cela il convient de :
- Se familiariser avec les activités, les produits, les services de la société
- Etudier son marché, ses concurrents, ses clients, les tendances, …
- Comprendre et « challenger » ses choix stratégiques, afin de vérifier si les choix de la société sont alignés avec votre compréhension du marché
- Etudier ses rapports financiers et ceux d’un ou deux concurrents de référence
- Vérifier la qualité de sa gouvernance et de ses dirigeants
- Injecter ces hypothèses dans un modèle de valorisation qui calcule mécaniquement la juste valeur (par exemple un modèle Discounted Cash Flow, ou multiples de valorisation)
- Ajouter une marge de prudence pour pouvoir absorber les éventuelles erreurs et votre plus value
Encore une fois, en fonction de l’importance de l’investissement que vous vous apprêtez à faire, vous pouvez accorder plus ou moins de temps à ces différentes activités.
Et dans tout les cas, chaque étape de ce process d’analyse fondamentale vous approchera d’un choix réfléchi et d’un investissement rentable.
A vous de jouer !
Cet article touche à sa fin, et j’espère qu’il vous a apporté des pistes de réflexion intéressantes. Si vous l’avez trouvé utile, n’hésitez pas à le partager en un clic :
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