Le PIB : Tellement important, mais le connaissez vous vraiment ?

Modifié le 11 janvier 2025 par epargnebourse.fr

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Le Produit Intérieur Brut (PIB), ou Gross Domestic Product (GDP) en Anglais mesure la richesse produite dans un pays. Dans cet article, nous plongeons dans les calculs du PIB, examinons son importance pour les investisseurs, découvrons comment il influence les marchés financiers, et explorons les nuances entre le PIB nominal et le PIB réel.

Le PIB, l’Indicateur Economique de Base

L’Histoire du PIB : Depuis Quand Mesure-t-on l’Activité Économique ?

La mesure de l’activité économique à travers le Produit Intérieur Brut est relativement récente. Le concept a été développé au cours du XXe siècle. En 1934, Kuznets a présenté son premier rapport au Congrès américain, dans lequel il décrivait une méthode pour mesurer la production totale d’une économie. Cependant, à l’origine, Kuznets avait créé le concept du PNB (Produit National Brut), qui mesurait la production des citoyens d’un pays, qu’ils soient sur le territoire national ou à l’étranger. Le PIB en tant que concept a évolué au fil du temps, et son utilisation s’est généralisée après la Seconde Guerre mondiale, en grande partie grâce aux travaux de Kuznets et à la nécessité croissante de mesurer la reprise économique et la croissance dans l’après-guerre. Depuis lors, le PIB est devenu l’un des indicateurs économiques les plus largement utilisés dans le monde entier.

Méthodes de calcul

Afin d’assurer une parfaite comparabilité des résultats entre différents pays, la définition du PIB est très normée :

• dans le cadre des statistiques des comptes nationaux.
• au sein de l’UE, il est normé par le «système européen des comptes nationaux et régionaux»,
• au plan international, la norme internationale l’ONU est le « Système de comptabilité nationale (SCN) ».

Le PIB (Produit Intérieur Brut) est calculé de trois manières, offrant des perspectives complémentaires :

1. Calcul par la Production : Évalue la valeur des biens et services produits, mettant l’accent sur les activités économiques.
2. Calcul par les Revenus : Considère les revenus générés, y compris salaires, profits, impôts et subventions.
3. Calcul par les Dépenses : Évalue les dépenses totales, couvrant la consommation, l’investissement, les dépenses publiques et le solde net des exportations.

Calcul par les dépense : Prédominant et Pertinent

Parmi les trois méthodes, celle par les dépenses est couramment privilégiée. Elle offre une vision holistique de l’économie, cruciale pour anticiper les tendances.

Avec :

C = Montant de la Consommation

I = Montant de l’Investissement

G = Dépenses Gouvernementales, au sens de la dépense publique totale

X = eXportations

M = iMportations

Le PIB calculé de cette manière est publié avec le détail de ses cinq composantes. Ainsi, il est simple d’interpréter les raisons structurelles et conjoncturelles de la croissance du PIB.

Par exemple, un PIB en croissance grâce aux dépenses d’investissement est beaucoup plus porteur à long terme qu’un PIB en croissance de la même valeur mais grâce à l’augmentation de la dépense publique.

Evolution du P.I.B Nominal vs évolution du P.I.B Réel : Comprendre les Nuances

Le Produit Intérieur Brut, mesurant la valeur de l’activité économique augmente mécaniquement avec l’inflation. Cette augmentation de la valeur n’est pourtant pas le reflet d’une augmentation de l’activité économique. Il faut donc différencier :

• L’évolution qui inclue les effets de l’inflation
• l’évolution de l’activité, cad hors impact de l’inflation

Les économistes distinguent :

• L’évolution du PIB nominal qui mesure la valeur constatée des biens et services en incluant l’effet de l’inflation.
• l’évolution du PIB réel cad celle du PIB nominal auquel on a enlevé les effets de l’inflation.

Quand vous entendez parler de PIB, vous devez systématiquement vérifier duquel il s’agit.

La relation avec le cycle économique : Une Danse Continuelle

Le PIB est étroitement lié au cycle économique qui décrit les fluctuations périodiques de l’activité économique. Ce cycle se divise généralement en quatre phases :

1. Expansion : Croissance économique, augmentation du Produit Intérieur Brut, optimisme des marchés.
2. Pic : Le Produit Intérieur Brut atteint son point culminant, l’activité économique ralentit, les marchés ont généralement commencé à se replier un peu avant.
3. Récession : Produit Intérieur Brut en déclin, contraction économique, sentiments négatifs sur les marchés.
4. Creux : Le point le plus bas du cycle, préparation pour une nouvelle expansion, les marchés financiers ont généralement anticipé et commencé un rebond avant.

Je profite des ces quelques lignes sur le cycle pour alerter les lecteurs scientifiques (et puristes). La notion de cycle économique ne doit pas être comprise au sens par exemple d’un phénomène physique suivant une courbe sinusoïdale. Contrairement à ce dernier, ils sont irréguliers en amplitude et en période. Par ailleurs, sur le long terme, l’activité économique est à la hausse. Entre le début et la fin d’un cycle, l’économie ne se retrouve absolument pas au même niveau contrairement à un phénomène physique cyclique.

Ce qui est cyclique (au sens mathématique) en économie, c’est plus la vitesse de croissance de l’activité que l’activité en elle même.

Limitations théoriques

Bien qu’étant un indicateur économique crucial, le P.I.B a plusieurs limites. Prenons en une à titre d’illustration. L‘activité économique des bénévoles n’est pas comptabilisée. En effet, par définition, ils fournissent des services sans rémunération monétaire directe. Elle ne peut donc pas être incluse dans le calcul. Cependant, cela ne signifie pas que le travail bénévole n’a pas de valeur sociale ou économique. Les bénévoles contribuent de manière significative au bien-être social, à la cohésion communautaire, et à la prestation de services dans de nombreux domaines tels que la santé, l’éducation, et l’aide sociale. Bien que leur travail ne soit pas reflété directement dans le PIB, il a un impact profond sur la qualité de vie et le fonctionnement de la société.

Limitations pour l’investissement

Pour les investisseurs, les statistiques du P.I.B ont un inconvénient majeur, elles sont publiées avec retard. Il faut donc compléter l’analyse avec d’autres indicateurs, plus rapides et qui ont eux l’inconvénient d’être moins complets, moins précis. Un des plus importants est l’indicateur PMI basé sur des enquêtes auprès des directeurs d’achat :

• L’article éducatif sur la signification et l’utilisation des PMI est ici
• Les dernières mises à jour pour les USA sont ici.
• Celles pour la zone Euro, l’Allemagne, la France ici.

Cas concret : Produit Intérieur Brut des USA au T3 2023

Après ces rappels théoriques, intéressons nous à un cas réel. Le tableau ci-dessous représente le PIB (réel) des USA, les deux premières colonnes de chiffres indiquent :

• Le 3eme trimestre de 2023
• Le pourcentage d’évolution par rapport au 3eme trimestre de 2022

L’évolution est de 4.9% pour le PIB réel. Non représenté dans le tableau, l’évolution du PI..B nominal cad en tenant compte de l’inflation était elle de 8%.

Le tableau présente par ailleurs, le détail des dépenses de consommation, de l’investissement, des dépenses publiques et du solde extérieur.

Un simple tableau comme celui-ci permet de tirer plusieurs conclusions :

• La plus évidente, la croissance des USA est très forte à 4.9% en rythme annuel
• Elle est tirée en volume par les dépenses de consommation
• L’investissement représente lui la plus forte hausse en pourcentage (10.0%). Ceux qui suivent l’activité économique constateront la trace de l’IRA (Inflation Reduction Act), programme de subvention publique massif visant à inciter à la localisation aux USA de la production de semi conducteurs, batteries, …
• La croissance économique des USA a fortement accéléré entre le T2 de 2023 (2.1%) et le T3 de 2023 (4.9%).

Le graphique suivant représente le pourcentage d’évolution trimestriel du PIB des USA (pib réel) sur 11 trimestres.

Impact des statistiques de croissance sur les Marchés Financiers

Les marchés financiers réagissent souvent de façon importante à ces publications, en particulier lors des phases d’incertitudes.

Il n’existe pas de règle simple du type : Si l’activité augmente, alors les marchés montent. Cela dépend du contexte général (activité, emploi, inflation, crédit, …) et des anticipations du marché.

L’impact est donc à envisager au cas par cas, en analysant l’ensemble des facteurs.

PIB par Habitant

Il mesure la prospérité individuelle moyenne en divisant le P.I.B total par la population.

Voici à titre d’illustration la valeur en € par Habitant des pays Européens hors UK et Norvège :

Source : https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/namq_10_pc/default/table?lang=en

Cet exemple permet de montrer que les habitants de « petits » pays très bien gérés comme le Luxembourg, l’Ireland, la Suisse, l’Islande, le Danemark peuvent être bien plus riches que les habitants de pays plus grands mais moins bien gérés comme la France, l’Italie, l’Espagne.

Insolite

Le trafic de drogue est intégré par l’Insee dans le calcul du PIB Français.

Selon la banque mondiale, le Qatar détient le record du P.I.B par habitant le plus élevé au monde (87.000 USD en 2022), en grande partie grâce à ses revenus gaziers et pétroliers principalement.

L’économie de Tokyo est comparable au Produit Intérieur Brut de la Russie.

Avec un PI..B de 3200 Milliards d’USD en 2021, la Californie a une économie de taille similaire à des pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, ou l’Inde, la plaçant parmi les principales puissances économiques mondiales. La Californie a dépassé l’économie Française en 2015 et n’a fait que creuser l’écart depuis.

La plus grande société au monde en chiffre d’Affaires est le producteur de pétrole Saoudien Aramco. En 2022 son CA était de 604.17 Milliards d’USD. Cela est équivalent au P.I.B 2022 de pays comme la l’Argentine (630) et la Suède (591).

Conclusion

En résumé, le PIB reste l’indicateur le plus important pour analyser l’activité économique d’un pays. Il est très utile pour établir des comparaisons entre différents pays. Ainsi que pour comprendre les dynamiques de la Consommation, des Investissements, de la dépense Publique, et du solde du Commerce Extérieur.

Il faut bien sur interpréter ces chiffres avec discernement, en les combinant avec d’autres indicateurs. Les PMIs sont particulièrement utiles dans ce contexte.

Vous pouvez suivre beaucoup de ces données sur epargnebourse.fr, généralement, le jour de leur publication :

• Le P.I.B des USA
• Les PMI pour les USA
• Les PMI de la zone Euro, de l’Allemagne, de la France
• L’emploi aux USA

A vous de jouer !

Cet article touche à sa fin, et j’espère qu’il vous a apporté des pistes de réflexion intéressantes. Si vous l’avez trouvé utile, n’hésitez pas à le partager en un clic :