Modifié le 15 octobre 2024 par epargnebourse.fr
Cet article consacré à Stellantis est le premier d’un nouveau type sur epargnebourse.fr. Il vise à vous livrer une analyse aussi complète et documentée que possible d’une société et de son action en bourse.
J’espère que ce nouveau type d’article vous plaira et vous sera utile. N’hésitez pas à me donner votre avis dans les commentaires, ainsi qu’à me signaler erreurs et imprécisions.
Vous êtes ici sur la partie 2 d’un article qui comporte :
- Partie 1 : L’analyse de la stratégie, des parts de marché, des avis clients, de l’évolution des ventes
- Partie 2 : L’analyse des documents financier de la société
- Partie 3 : L’analyse des ratios de valorisation de l’action en s’appuyant sur la méthode décrite dans un article dédié.
- Partie 4 : L’analyse technique à long terme, moyen terme et court terme, selon les principes expliqués dans mes articles de formation, et la conclusion et synthèse.
Ces sous-articles seront mis à jours quand de nouvelles informations seront disponibles.
Je suis actuellement actionnaire de Stellantis :
- 1/3 de ligne acquise à 11.66 mi octobre 2024.
- 1/3 de ligne acquise à 14.82 € par titre mi aout 2024.
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Table of Contents
Le données analysées proviennent de la communication financière de Stellantis, le document source est ici. Il intègre les données de Q2 2024 et H1 2024. Les données de Q1 2024 proviennent de la communication des ventes du Q1 2024.
Analyse des volumes et du CA
Comme nous l’avons vu dans la partie 1, Stellantis perd des parts de marché. Intéressons nous maintenant à l’évolution des volumes et du CA.
Analyse des volumes
Commençons par analyser l’évolution des ventes en volume, c.a.d en milliers de véhicules vendus :
Au Q2, on retrouve :
- Q2 2023 = 1.656.000 véhicules
- Q2 2024 = 1.466.000 véhicules
- C’est une baisse de 190.000 unités soit -11.47%.
La baisse est pratiquement partout, mais avec -20.71%, c’est un véritable effondrement qui se produit en Amérique du Nord, zone réputée la plus rentable du groupe.
Pour mémoire, les chiffres du Q1 2024 étaient nettement moins mauvais :
Au Q1, on retrouvait :
- Q1 2023 = 1.522.000 véhicules
- Q1 2024 = 1.527.000 véhicules
- C’était une hausse de 5.000 unités soit +0.33%.
Analyse du CA
Sans grande surprise, avec une telle baisse des volumes, le CA (Chiffre Affaires) est lui aussi en forte baisse sur le semestre.
Evolution du CA par rapport aux concurrents
En dehors du Q2 2024 de BYD, les données sont toutes disponibles pour comparer le CA des grands constructeurs entre H1 2023 et H1 2024.
Force est de constater que une fois de plus, ce n'est pas brillant pour Stellantis qui est en forte baisse là ou l'ensemble des constructeurs traditionnel mentionnés sont en hausse, voir en forte hausse.
Conclusion sur l'évolution du CA
La baisse des parts de marchés, comme très souvent a précédé la baisse et même l'effondrement du CA qui est maintenant au rendez vous. Une telle baisse montre qu'il y a de gros problèmes de produits et de prix chez Stellantis. Les clients trouvent tout simplement de meilleurs produits pour moins cher chez les concurrents...
Il n'y a pas un problème de marché de l'automobile, il y a un problème Stellantis. Ce qui est un comble pour une société dirigée par le CEO le mieux payé de l'ensemble des constructeurs généralistes.
Regardons maintenant si la baisse de la top line a contaminé le bas du compte de résultat. Compte tenu du désastre sur le CA, il y a fort à parier que ce soit le cas.
Analyse de la profitabilité
Adjusted Operating Income (résultat opérationnel ajusté)
L'effondrement du résultat opérationnel ajusté est patent, -33% sur le semestre par rapport à 2023. La baisse est pire que celle du CA.
Comparaison de l'EBIT avec les concurrents
Afin de se focaliser sur la traduction financière de la performance opérationnel il est bon d'utiliser l'EBIT, c.a.d. : Earning before Interests & Taxes, Résultat Opérationnel en Français.
Encore une fois, la performance de Stellantis est loin d'être au niveau de celle de l'industrie. Il n'y a pas de secret. Certes, le résultat opérationnel reste très signification à 8.47 Mds$ en un semestre mais Stellantis gagne beaucoup moins d'argent et s'est faite même sérieusement dépassée par Toyota et Volkswagen.
Nous venons de voir que la perte de parts de marchés, visible depuis plusieurs mois, bien avant la baisse du cours de Stellantis, a fini par se traduire en baisse du CA, et en effondrement du résultat opérationnel.
Mais qu'en est-il du bilan ?
Analyse de la dette
Dette de Stellantis
La dette nette de l'activité de constructeur (cad hors activité de service financier), s'est fortement dégradée. La position nette était positive de 21.19 Mds$ fin 2023, elle n'est plus que de 11.96 Mds$ à fin Juin 2024.
Certes, Stellantis reste une société au bilan solide avec une dette nette négative, mais la dégradation est rapide.
Regardons maintenant ce qu'il en est des concurrents.
Dette Nette des concurrents
ans rentrer dans le détail, la définition de la dette nette utilisée pour ce benchmark est différente pour faciliter les comparaisons.
Nous pouvons constater que la situation de la dette de Stellantis, même si elle s'est dégradée reste un très gros point fort du groupe. Stellantis peut faire face à un retournement du marché, même brutal, là ou ses concurrents comme Volkswagen ou Toyota, Ford, GM auraient beaucoup de mal.
Vous noterez au passage que les deux pure player de l'électrique cad Tesla et BYD ont comme Stellantis une dette nette négative. Comme quoi, on peut tout à fait investir de manière massive dans des produits disruptifs sans faire exploser sa dette.
Conclusion de la partie 2
Nous avions vu en Partie 1 que :
- Stellantis, comme c'est souvent le cas pour les groupes formés par agglomération d'entreprises très différentes (cf Air France / KLM ou Renault / Nissan, ...) a du mal à trouver un second souffle.
- Le groupe Stellantis dispose d'actionnaires familiaux solides et de dirigeants solides qui restent eux aussi fortement actionnaires mais les incertitudes sur la capacité des dirigeants à traiter les problèmes et anticiper le futur commencent à s'accumuler.
- Le portefeuille de marques délaisse les segments les plus porteurs (Low cost, Sportives, Luxe) et n'a pas été restructuré.
- La stratégie électrique est changeante, peu lisible et ne semble pas fonctionner pour le moment.
- L'entreprise n'arrive pas à en gagner de PDM sur les véhicules électriques. Mais plus étonnant compte tenu du track record de M Tavares, elle en perd depuis 2 ans sur ses marchés historiques des véhicules thermiques.
Nous venons de voir dans cette seconde partie qu'il y a bien un vrai problème Stellantis. Le groupe a décroché, ... C'est le cas en Europe, mais pire encore, la branche Américain (Jeep, ...) qui était la cash cow du groupe est en pleine crise avec un CA qui s'effondre littéralement. En lisant la presse Américaine ont peut deviner (sans surprise compte tenu de ce que j'ai écrit en partie 1) que les tensions sont fortes entre les dirigeants mais aussi avec les syndicats. Maintenant que le business va mal, les tensions s'expriment davantage dans la lumière.
Pour le moment, la situation du bilan reste une des meilleures de l'industrie mais le compte de résultat s'est fortement dégradé.
Les problème sont importants et ils ne sont pas nouveaux. Ils ne s'agit pas de problèmes ponctuels, ils seront difficiles à résoudre. Mais, Stellantis dispose de d'atouts et d'une importante marge de sécurité grace à son absence d'endettement.
Nous examinerons dans la troisième partie si la baisse du titre qui a atteint de très faibles multiples de valorisation (ratio P/E, rendement du dividende, ...) pourraient rendre l'action attrayante et si l'analyse technique du titre nous indique un changement de perception par les investisseurs.
A vous de jouer !
Cet article touche à sa fin, et j’espère qu’il vous a apporté des pistes de réflexion intéressantes. Si vous l’avez trouvé utile, n’hésitez pas à le partager en un clic :
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