Modifié le 31 janvier 2025 par epargnebourse.fr
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Vous avez été plusieurs à me demander un article sur le budget et de la dette publique de la France. Cet article en est à sa seconde version, il sera tenu à jour et enrichi régulièrement :
- grâce à vos commentaires
- en tenant compte des nouvelles données et informations disponibles
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Sommaire
La structure publique
La première question qui se pose est de définir quel est le périmètre englobé dans le sujet de la dépense publique et de la dette publique.
En France, le gouvernement, au sens de l’agent économique inclut les multiples couches du mille feuilles politico-administratif :
- La Gouvernance de l’UE
- Celle de la Zone Euro
- l’Etat Français et ses ramifications territoriales (préfets, sous préfets)
- Les Régions,
- Les Départements,
- Les métropoles et Communautés de communes,
- Les Communes
- les organismes de redistribution des cotisations sociales
- et les entreprises publiques financées
Toutes ces strates étant financées par les impôts et les taxes des particuliers et des entreprises. C’est de cet ensemble qu’il s’agit quand on parle de dépense et de dette publique.
Une première remarque au passage, Cette structure est de loin la structure administrative la plus riche et la plus complexe de l’ensemble des grands pays.
La dépense publique
Les dernières données de dépense publique de la France analysées dans ce chapitre portent sur 2023. Ce sont les dernières données annuelles publiées.
Dépense publique en 2022 et 2023
En Milliards d’Euro :

Le déficit de 2023 est donc de 154 Milliards, en hausse de 22% sur une seule année. De quoi douter du caractère vertueux auto-proclamé de nos dirigeants.
En comptant une population de 68.4 millions d’habitant à fin 2023 :
- Dépense de 2023 par habitant : 23500 €
- Recette de 2023 par habitant : 21243 €
- Déficit de 2023 par habitant : -2251 €
Ces chiffres sont colossaux.
Cet article ne comporte pas les chiffres de 2024, ils seront ajoutés après la cloture de 2024.
Structure de la dépense publique
La structure de la dépense publique française est particulièrement complexe. On doit ainsi distinguer le niveau de gouvernance qui génère la dépense (UE, France, Région, Département, Regroupement de Commune, Commune, …). Mais aussi la catégorie de la dépense, il en existe deux, les dépenses directes et les transferts sociaux. On peut les ventiler en :
- Dépense directes / dépenses de fonctionnement : 517 Milliards € en 2023 pour payer les salaires des fonctionnaires nationaux et locaux (policiers, enseignants, personnels administratifs, …), les achats de biens et services, et les dépenses courantes des administrations.
- Dépense directes / Investissement et acquisition d’actifs : 122 Milliards € en 2023, ce sont des dépenses pour des infrastructures publiques : Routes, Hôpitaux, Universités, …. En appliquant divers retraitements comptables (par exemple en réintégrant les subventions à l’investissement des entreprises publiques, fipeco estime que l’investissement public total est de 153 Milliards € en 2023. Ce qui place la France à la 7eme position de la zone euro en pourcentage du PIB.
- Dépense directes / Service de la dette (intérêts) : 50 Milliards € en 2023, il s’agit du paiement des intérêts sur la dette publique.
- Transferts / Prestations sociales : 710 Milliards € en 2023, dont environ 600 Milliards € pour la sécurité sociale (Assurance maladie, Assurance vieillesse, Allocations familiales, Assurance chômage). L’essentiel de ces dépenses correspond à des transferts, en grande partie des entreprises et des travailleurs actifs vers les inactifs (retraités, chômeurs, malades, …).
- Transferts / Les autres transferts d’argent et subventions : 209 Milliards € en 2023. Il s’agit d’un énorme amas en forte croissance d’aides et de subventions diverses. Subventions et aides aux entreprises et secteurs spécifiques (électrification parc automobile, agriculture, cinéma, …). Les transferts et dotations aux collectivités locales et organismes publics. Les transferts aux ménages hors prestations sociales (APL, bourses d’étude, …. Les Subventions aux associations et ONG, l’Aide publique au développement (APD) accordés à des pays en développement, les Contributions aux organisations internationales (ONU, Banque mondiale, …) ainsi que des indemnités diverses.
Evolution de la dépense publique
Evolution en pourcentage du PIB
L’analyse en montant de la dépense n’est pas suffisante, il est souvent nécessaire :
- de comparer le poids de la dépense publique entre différents pays
- d’analyser l’évolution en neutralisant l’impact de l’inflation
Pour cela, on exprime la dépense publique en pourcentage du PIB. C’est à dire en pourcentage de la taille de l’économie.
J’utilise pour cet article les données de l’Insee
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381414
Si vous avez besoin de rafraichir vos connaissances sur le calcul du PIB, c’est : ICI
Le graphique suivant nous montre l’évolution de la dépense en pourcentage du PIB. En dehors des présidents Pompidou, Chirac, Hollande, tous les autres présidents ont augmenté la part de la richesse produite (PIB) qui est consacrée au financement publique. Pour ce qui est du président Macron, les derniers chiffres publiés par l’INSEE montrent une ré-accélération de la dépense publique en 2024.

La dépense publique Française consomme donc une part de plus en plus conséquente de la richesse créée par l’économie Française. Elle est supérieure à 50% du PIB depuis le début du premier septennat de F Mitterrand.
Cette dépense publique qui est très élevée ainsi qu’en croissance permanente a des conséquences :
- Il faut lever beaucoup d’impôts et de taxes pour payer la dépense. Comme l’Etat Français est très dépensier, la France est devenu le pays le plus taxé au monde en % du PIB.
- Mais les impôts et taxes bien que très élevés sont inférieurs à la dépense, la France génère ainsi chaque année depuis plus de 40 ans un déficit budgétaire important. Il était de 154 Milliards en 2023.
- Ces déficits publics gonflent année après année une dette publique. A 3160 Milliards € actuellement, elle est la plus grosse de la zone Euro.
Nous verrons plus loin les problèmes induits par l’accumulation de déficit et de dette publique. Mais comme me l’a fait justement remarquer un lecteur, cette dépense publique a aussi des avantages, nous les analyserons aussi.
Avant cela, examinons l’évolution de la dette publique.
La dette publique
L’e’actualisation et l’analyse de la dette publique, ainsi que des engagements hors bilan et de la dette implicite fait l’objet d’un article dédié sur le site. Il est disponible ICI.
Bonne dette ou mauvaise dette ?
Je remercie le lecture qui m’a signalé que cette partie manquait dans la première version de l’article.
Si l’on prend un peu de hauteur :
- Quand l’Etat lève l’impôt et les taxes, il prive une personne d’une partie de son pouvoir d’achat et il décide de quoi faire de l’argent ainsi obtenu.
- Une dette revient à diminuer (du montant des intérêts), une capacité future de dépense afin de dépenser maintenant.
L’impôt ou la dette, ne sont structurellement ni bons, ni mauvais. Tout dépend de ce que l’état fait de l’argent obtenu. Compte tenu du fait que l’argent a été pris à une personne ou emprunté, il faut que la valeur pour la société soit supérieure à ce qu’elle aurait été sans cette intervention de l’Etat.
Classer la dépense et la dette nécessite des critères, pour définir ce qui est bon ou mauvais. Pour la suite de cette analyse, je vais donc faire référence à quelques économistes et aux théories associées. Et je vais aussi utiliser d’autres éléments d’analyse.
La dette Française et les théories économiques
Depuis les années Mitterrand, la politique budgétaire Française est dominée par les théories de Keynes. Cet économiste britannique, bien que n’étant pas Marxiste a beaucoup prôné l’intervention de l’État dans l’économie, pour réguler les cycles économiques et stimuler la demande en période de récession. Le spectre politique et médiatique Français reste très dominé par la pensée Keynésienne.
Or, il une large majorité d’économistes qui ne sont absolument pas d’accord avec Keynes et contrairement à lui, considèrent globalement que :
- L’État a un rôle fondamental de structuration de la société (définition et application des règles, rôle régalien de sécurité, …)
- Mais qu’en dehors du rôle de régulation, l’intervention directe de l’Etat dans l’économie est globalement plus néfaste que bénéfique.
Parmi ces économistes, on trouve :
- Les Monétaristes comme Milton Friedman et Anna Schwartz, qui prônent une gestion de l’économie principalement par la politique monétaire plutôt que par la politique budgétaire.
- L’École Classique et Néo-classique avec des figures comme Adam Smith, David Ricardo, Robert Lucas, et Edward Prescott, qui croient en l’efficacité des marchés libres et en la rationalité des agents économiques.
- L’École Autrichienne représentée par Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, et Murray Rothbard, qui soutiennent que les interventions de l’État perturbent les processus naturels du marché et conduisent à des inefficacités économiques.
- L’École de l’Offre (Supply-Side Economics) avec des économistes comme Arthur Laffer et Robert Mundell, qui favorisent des politiques de réduction des impôts et de déréglementation pour stimuler l’offre productive.
- La Nouvelle Économie Classique avec Robert Lucas et Thomas Sargent, qui mettent l’accent sur les anticipations rationnelles et croient que les politiques économiques discrétionnaires sont souvent inefficaces.
Depuis les années 1980, la France se distingue par une approche keynésienne persistante. Ailleurs qu’en France, dans les autres pays occidentaux (Europe de l’ouest, du nord et centrale y.c Pologne, USA, Canada, Japon, Corée, Australie, Nouvelle Zélande, …) le Keynésianisme a une influence de plus en plus faible. Ces pays tendent à adopter davantage les principes des monétaristes, de l’école autrichienne, de l’école de l’offre ou de la nouvelle économie classique.
Alors qu’en est-il de la dette publique Française au regard des ces théories économiques ?
Cas 1 : Si l’on n’est pas un fidèle de Keynes
Quand on baigne dans le bruit médiatique Français, il est difficile de réaliser à quel point l’approche d’extrême Keynésianisme Français fait quasiment figure d’exception.
Vu des autres pays qui suivent des théories économiques non Keynésiennes, et dont de la quasi-totalité du monde occidental, les graphiques de la dette Française sont clairs : La dette Française a atteint un niveau tellement élevé, elle accapare tellement de ressources via d’impôt et taxes pour le paiement des intérêts que c’est de la mauvaise dette. L’état intervient trop, trop longtemps, trop souvent, et il met à risque les générations futures et l’avenir du pays.
N’étant pas Keynésien moi même, c’est la raison pour laquelle je n’avait pas développé d’argumentaire dans la v1 de cet article car cela s’imposait pour moi comme une évidence.
Cas 2 : Si l’on est keynésien
Effet Contracyclique
Essayons d’analyser la dépense et la dette publique Française selon la théorie de Keynes. Celui-ci est très attaché à l’intervention de l’Etat pour contrer les effets récessifs du cycle économique. Regardons si la dépense (et son corolaire, la dette) suivent ce principe.
Si la dépense publique Française était utilisée de façon contracyclique comme le préconise Keynes, nous devrions constater :
- Des actions de relance de l’économie engendrant des hausses de la dépense publique (en % PIB) pendant les périodes de crise (11 septembre 2000, Crise de 2008, crise de 2011, COVID, …)
- Puis un retour graduel mais assez rapide à la normal quand l’activité privée repart à la hausse.
- et éventuellement, la constitution d’un trésor de guerre pour que l’état puisse se préparer à soutenir l’économie lors de la prochaine crise.
Or ce n’est pas ce que nous observons sur le graphique de la dépense publique en % du PIB. Nous voyons bien les hausses lors des crises, mais rarement de retour à la normale. L’état ne prépare pas son intervention pour la prochaine crise.
La France n’utilise pas la dépense publique comme support ponctuelle. Elle ajoute des dépenses supplémentaires à chaque crise et les transforme en dépenses permanentes. Elle continue de dépenser même quand l’activité économique privée n’a pas besoin de soutient, ce n’est pas l’esprit de Keynes.
Il y a une demie exception à ce constat négatif, la politique du « quoi qu’il en coute » du COVID :
- La dépense publique a fortement augmenté le temps de soutenir l’activité
- Mais elle a baissé par la suite ce qui est le signe d’une politique contracyclique Keynésienne
- Malheureusement, nous verrons en comparant avec l’Allemagne que la France est allée trop loin dans la dépense et qu’elle n’arrive pas à revenir au niveau de dépenses publiques pré-covid.
Donc la dépense publique Française et son corolaire, la dette n’est pas non plus Keynésienne, elle est trop permanente alors qu’elle devrait seulement agir par la relance pendant les périodes de crise.
Effet multiplicateur de la dépense publique
Les Keynésiens mettent en avant que sous certaines conditions, la dépense publique peut générer un effet multiplicateur. Dans ce cas, 1000 € investis en dépense publique va générer davantage que 1000 € de croissance du PIB. Une dette peut alors être bénéfique, à condition que le cout du crédit de vienne pas absorber le bénéfice.
Si la dépense publique Française faisait bénéficier l’économie Française d’un effet multiplicateur, nous devrions voir :
- une hausse des dépenses publiques en volume
- accompagnée par une baisse progressive du poids de la dépense publique en % du PIB.
Voici ce que nous observons :
- La hausse des dépenses publiques en volume
- Et la hausse du poids de la dépense publique en % du PIB
La dépense publique Française » « mange » donc une part croissante du PIB, il n’y a pas d’effet multiplicateur, il n’y a pas de cercle vertueux comme pourrait le créer de bons investissements.
Analyses complémentaires
Créer le terreau de la croissance future du PIB
En dehors de l’effet contracyclique et de l’effet multiplicateur, la dépense publique peut avoir une influence plus diffuse sur la croissance future du PIB, visibles seulement dans le long terme.
Certains Etats (non Keynésiens) ont mis en place des réformes qui ont permis de créer un « terreau » favorable à la liberté économique, à l’initiative, à la recherche, à l’innovation, à l’installation d’entreprises étrangères ce qui s’est ensuite traduit par une phase de croissance économique plusieurs années plus tard.
Or, nous l’avons déjà vu, il n’y a pas d’accélération du PIB en France. Les dépenses les plus anciennes n’ont donc pas produit cet effet positif. S’agissant d’effet à long terme, on peut se demander si les mesures les plus récentes ont eu un impact, qui ne serait pas encore visible dans les statistiques du PIB ?
Des initiatives telles que la French Tech ont très probablement contribué à aider un certain nombres de start up de la tech à survivre et à croitre en France. Je manque de données pour quantifier cela (emploi, contribution au PIB, …) mais il y a probablement un effet modeste qui n’est pas visible dans les statistiques globales.
Il existe d’autres moyens d’estimer si la dépense publique a créé un « terreau » sans avoir encore des effets visibles dans le PIB. Il existe deux sources de données qui calculent des indices de liberté économique. Ces données sont intéressantes à analyser car la liberté économique d’aujourd’hui c’est le PIB de demain. Les deux, the heritage Foundation et l’OCDE donnent des conclusions assez identiques pour ce qui est de la situation de la France.
« The Heritage Foundation » vient de nous fournir les données les plus récentes. En 2024, la France obtient un score de liberté économique de 62.5/100 et se place à la 61 eme position.
Nous sommes très loin du top 10 constitué par :
- Singapour
- La Suisse
- L’Irlande
- Taiwan,
- Le Luxembourg
- La Nouvelle Zélande
- L’Estonie
- Le Danemark,
- La Suède,
- La Norvège.
Nos voisins de classement sont :
- La Serbie,
- Le Guatemala,
- Le Mexique.
Nos dépenses publiques et notre dette publique augmentent mais elle ne créent pas un terreau propice à la prise d’initiative économique, à la recherche, à l’innovation et à la croissance future.
Investir sur des infrastructures de long terme
Le programme nucléaire Français voulu et lancé par le général De Gaule est à ce titre une réussite immense, nous en récoltons les fruits encore à ce jour. Malheureusement, je n’ai pas connaissance de grands plans d’investissement depuis les années 1980 / 1990 financés avec de l’argent publique et ayant changé en profondeur le destin de la France. Il y a bien eu des investissement par exemple dans le TGV atlantique mais au final, le service économique rendu est discutable. Le TGV n’est pas moins cher que l’Avion, ni plus rapide. Il est certainement meilleur d’un point de vue bilan carbone et pour le commerce extérieur grâce à l’électricité nucléaire qui se substitue au pétrole importé.
Je remercie par avance les lecteurs qui voudraient bien m’aider à apporter des éléments. Il existe certainement des investissements publiques très positifs même s’ils sont moins spectaculaires que le programme nucléaire mais je ne les connais pas.
La France est le pays de la zone Euro qui dépense le plus d’argent publique en % du PIB mais seulement le 7eme pour ce qui est de l’utilisation de cet argent pour l’investissement.
Ce qui s’explique par le fait que :
- 90% de la dépense publique n’est pas de l’investissement, mais de la redistribution. Il n’y a structurellement pas d’effet multiplicateur dans ce cas ni de soutien aux projets d’avenir.
- 10% seulement correspond à de l’investissement. Mais, la sélectivité et le sens de l’intérêt publique de long terme manquent. Combien de dizaine de Milliards d’investissements ont été gâchés pour : tester une route solaire, investir dans des entreprises condamnées, mettre en place un écotaxe qui n’a jamais été appliquée, se baigner dans la seine (1.4 Milliards €), …
Fournir à la population des services publiques non marchands de qualité
La dépense publique finance aussi des services à la population. Ils sont nombreux en France :
- Sécurité publique,
- Armée,
- Soins,
- Educations,
- …
Une dépense publique de bonne qualité devrait entrainer une amélioration continue de la qualité de la la quantité de ces services. Est ce le cas :
- En 2023, la France était 23eme au classements PISA. Notre système scolaire est moins bon qu’il ne l’était il y a 20 ans.
- L’accès aux soins se dégrade à l’hôpital, les déserts médicaux font les titres de l’actualité, …
- la sécurité publique se détériore, la Justice affiche des délais longs comme jamais, …
- Selon les propres dires des Militaires de haut rang, notre capacité militaire s’érode
Quand on compare le système de soin Allemand et Français :
- Il y a en Allemagne davantage de personnel soignant par patient qu’en France
- Il y a en France davantage de personnel administratif par patient qu’en Allemagne
- Le système Allemand est de meilleur qualité, et il est moins cher
La hausse des dépense publiques ne semble donc pas engendrer l’amélioration de la qualité des services non marchands.
Mais peut être qu’elles ont d’autres vertus ?
Enrichir l’Etat
Les citoyens ont intérêt à vivre dans un pays dont l’Etat est riche. La dépense publique peut par exemple servir à :
- Créer un fond souverain qui va investir dans des entreprises sur le territoire et à l’étranger. On cite souvent en exemple les fonds souverains Saoudiens et Norvégiens
- Acquérir des territoires, La Chine achète via ses entreprises publiques des terres agricoles en Afrique mais pas seulement de façon à assurer son indépendance alimentaire
- Acquérir des œuvres d’arts qui même si elles ne sont pas directement productives contribue au rayonnement international
- …
Contrairement à une entreprise cotée, il n’existe pas un bilan de la France avec un actif et un passif communiqué chaque trimestre. La valeur de l’actif de l’Etat Français (au sens large) n’est pas facile à connaitre.
Le seul chiffre que j’ai trouvé est une estimation de l’actif net de 450 Milliards (Actif – Dettes). C’est très peu pour une nation qui existe depuis aussi longtemps. Si un lecteur dispose de meilleurs informations, merci de me le faire savoir. L’Etat Français ne s’est pas enrichi malgré les dizaines de milliers de milliards € cumulés.
Conclusion sur la qualité de la dépense et de la dette publique
En analysant la dépense publique Française, il est bien difficile de la qualifier globalement de bonne dépense. Et encore plus difficile de considérer que nous avons accumulé de la bonne dette.
Evolution en pourcentage du PIB
Revenons à la croissance de la dette en Pourcentage du PIB. Le graphique suivant est sans appel. Chaque président depuis François Mitterrand (qui a été le pire de ce point de vue) a augmenté la dette exprimée en % de l’activité économique.
En fin T2 2024, la dette Française représente 112% du PIB contre 110.7% du PIB fin T1 2024.
https://www.insee.fr/fr/outil-interactif/5367857/details/10_ECC/15_FIN/15F_Figure6
Je reformule le point car il n’est pas toujours compris. Chaque président Français depuis François Mitterrand a augmenté la dette du pays exprimée en pourcentage de la taille de l’économie.

Et bien sur, chaque président y est allé de son explication « foireuse » :
- Moi j’ai augmenté temporairement la dette car fais les 35h, mais après ça ira mieux,
- Moi j’ai augmenté temporairement la dette car j’ai créé l’Euro, mais après ça ira mieux,
- Moi j’ai augmenté temporairement la dette car j’ai sauvé l’économie de la crise financière de 2008,, mais après ça ira mieux,
- Moi j’ai augmenté temporairement la dette car j’ai fais la guerre au Covid, mais après ça ira mieux,
- Moi j’ai augmenté temporairement la dette car j’ai aidé l’Ukraine, mais après ça ira mieux,
- …
Et pendant ce temps là, au fur et à mesure que demain se transforme en aujourd’hui, on ne peut que constater que « ça ne va pas mieux ». La dette continue d’augmenter sans arrêt, assombrissant petit à petit l’horizon de l’économie Française.
Combien et à qui empruntons nous ?
Parfois, on entend dire que finalement le cout de la dette ce n’est pas si grave car c’est de l’argent qui passe d’une poche à l’autre. Qu’en est-il vraiment ?
La France a besoin de financer chaque année environ 250 Milliards € à 280 Milliards €, c’est un montant considérable qui correspond à deux choses :
- Les emprunts d’état ne fonctionnent pas comme nos crédits immobiliers. La totalité du capital est remboursé à la fin du prêt. Chaque année, ce sont entre 100 Md€ à 130 Md€ d’emprunts arrivant à échéance que la France devrait donc rembourser. Mais comme elle n’a pas l’argent pour le faire, elle emprunte tout simplement à nouveau 100 Md€ à 130 Md€ pour rembourser ces dettes plus anciennes arrivées à échéances. C’est ce que l’on appelle rouler la dette. Si les intérêts de la nouvelle dette sont inférieurs à ceux de l’ancienne dette ce n’est pas un problème, au contraire. Quand les taux sont plus élevés, c’est un problème.
- A cela s’ajoute, 150 Md€ correspond à son déficit annuel qu’elle doit aussi emprunter pour payer les fonctionnaires, investir, …
S’il est assez facile de connaitre les montants, il ne semble pas exister de statistique officielle et publiques sur les détenteurs de la dette Française. C’est assez étonnant car il semble légitime que les Français puisse savoir à qui ils ont emprunté 3159.7 Milliard € et à qui ils payent 50 Milliards € d’intérêts chaque année.
En recoupant différentes études, qui toutes mentionnent cet absence de données officielles, j’ai trouvé :
- Emprunts auprès de préteurs Français (Banques Françaises, Assureurs Français, …) : Environ 30%
- Emprunts auprès de la BCE BCE : Environ 20%
- Emprunts auprès de préteurs non Français (Banques étrangères, Fonds étrangers, …) : Environ 50%.
Si un lecteur dispose de données plus précises, merci de m’écrire à : contact@epargnebourse.fr
Inconvénients d’une dette publique de 3228.4 Milliards €
Une dette publique aussi lourde et qui ne fait qu’augmenter années après années engendre de multiples problèmes économiques ainsi qu’un problème moral :
- Le couts des intérêts de la dette a été de 50 milliards en 2023 (voir tab1). C’est un montant considérable. 750 € par Français, tous âges confondu. Faite le calcul pour votre foyer fiscal. Forcer ses citoyens à payer des impôts et des taxes pour payer des intérêts (dont la moitié à des créanciers étrangers) est une folie économique. Pour vous donner une idée de la taille de ce montant par rapport à vos impôt :
- L’impôt sur le revenu rapporte 90 milliards € par an. La prochaine fois que vous déclarerez le votre, ayez en tête que plus de la moitié (5/9 ème) de ce que vous allez payer chaque année va servir à payer les intérêts de la dette publique. Alors heureux ? dites merci à Mitterrand, Chirac, Hollande, Macron.
- Si vous ne payez pas d’impôt sur le revenu vous pouvez comparer à la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques (TICPE), anciennement appelée Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP). Cette taxe rapport environ 33 milliards en 2023. Une année du cout de la dette englouti donc 1 an et demi de TICPE.
- Cette augmentation chronique de la dette enchaine petit à petit l’état Français à ses créanciers. Les détenteurs de la dette peuvent de plus en plus peser sur les décisions des hommes et des femmes politiques. La posture est simple : Si tu veux que je te prête encore plus, tu vas devoir faire ceci ou cela sinon j’irais prêter à d’autres qui acceptent mes conditions. L’actualité récente (09 Juillet 2024) me permet d’ailleurs d’illustrer ce propos : l’Arabie saoudite a averti les pays du G7 qu’elle pourrait vendre ses titres de dette européenne si le G7 décidait de saisir les 300 milliards $ d’actifs gelés de la Russie.
- Plus un acteur économique est fortement endetté, plus les préteurs exigent un taux d’intérêt élevé. En raison de son surendettement, la France paye des taux d’intérêt 20% à 30% plus élevés que l’Allemagne.
- Comme la dette est détenue à 50% par des créanciers étrangers (Banques, fonds, …), c’est 25 Milliards € que les Français doivent payer en intérêts et qui quittent l’économie nationale. 25 milliards qui chaque année partent financer les retraités de Floride, du Japon, …, C’est un appauvrissement considérable.
- Plus la dette publique augmente et plus les consommateurs, qui sont aussi des contribuables et des citoyens s’inquiètent. Cette crainte de l’avenir se diffuse dans l’économie de multiples façons : consommation molle, épargne de précaution privilégiée au détriment de l’épargne de long terme, …
- Et pour finir, de quel droit, les générations actuellement en âge de voter depuis 1981, se permettent elles de faire peser le remboursement de la dette sur la génération en devenir ? De quel droit une partie de notre mode de vie est il financé par les coupes budgétaires que les plus jeunes devront assumer tôt ou tard. Pour paraphraser une activiste écologiste : « How dare you, you have stolen my dreams with your empty words ».
Les finances publiques de la France vs les autres grands pays
La dépense publique dans le monde
Comment sommes nous classés par rapport aux autre grands pays comme l’Allemagne, ou le Japon, …
Et bien, c’est assez simple à retenir : Selon l’OCDE (https://data.oecd.org/gga/general-government-spending.htm), la France a le gouvernement le plus dépensier au monde. La dépense publique en 2023 représentait 56.99 % du PIB. Et cela sans même prendre en compte la hausse de 58.3 Milliards des dépenses au T1 2024.
Aucun pays au monde n’a laissé son gouvernement (au sens large) dépenser une telle part de son PIB. De ce point du vue, la France est devenue un pays socialiste en 1981 (au sens économique cad avec un Etat captant plus de 50% du PIB), elle n’a jamais cessé de l’être depuis.
Seul le président Jacques Chirac avait légèrement inversé la tendance. Les autres : Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron sont tous plus dépensiers, dirigistes d’un point de vue économique que François Mitterrand. L’écart entre cette donnée et la perception générale du pays est assez étonnant.
La Dette publique Française et Allemande
Comparons l’évolution de la Dette publique de la France (en % du PIB) avec notre grand voisin. Cette comparaison à le mérite :
- de neutraliser les explications du type : Moi j’ai géré les guerres du Golf, Moi j’ai sauvé la France de la crise financière de 2008, moi j’ai fais la guerre au Covid, … Car les deux pays ont été frappés de la même façon pour ces problèmes internationaux.
- de comparer deux pays ayant la même monnaie. On ne peut donc pas attribuer les différences à l’Euro
- …
La plus forte différence entre les deux pays est celle du personnel politique et des politiques économiques qu’ils conduisent.
Le graphique suivant est sans appel. En dehors du président Chirac qui n’a pas fait pire que l’Allemagne, les quatre autres (Mitterrand, Sarkozy, Hollande, Macron) ont constamment dégradé la situation de la France comparativement à celle de l’Allemagne.

Source des données du graphique précédent : Fond monétaire International : https://www.imf.org/external/datamapper/GG_DEBT_GDP@GDD/SWE
La Dette publique Française et les autres pays Européens
Le graphique ci-dessous présente la situation de la dette publique dans les pays Européens telle qu’elle était à fin Q1 2024 :
Le France est le troisième pays le plus endetté (en % du PIB). Seuls la Grèce et l'Italie sont dans une pire situation.
Source : Eurostat.
Est ce vraiment grave ?
France Q1 2024 / Crise de la zone Euro 2011
La crise de la dette souveraine européenne, souvent appelée crise de la dette de la zone euro, a touché plusieurs pays de la zone euro à partir de 2010. La Grèce ait été le premier pays touché, puis d'autres pays ont connu des difficultés financières importantes. :
- Grèce : Fin 2009 - Début 2010
- Irlande : Fin 2010
- Portugal : Début 2011
- Espagne : 2011-2012
- Italie : 2011
- Chypre : 2012-2013
La crise de la dette de la zone euro avait révélé les vulnérabilités économiques et financières de plusieurs pays européens, conduisant à une série de plans de sauvetage, de réformes économiques et de changements politiques. La Grèce a été le pays le plus sévèrement touché, suivi par l'Irlande, le Portugal, l'Espagne.
Regardons quelle est la situation de la France comparée à ces pays 1 an avant le début de la crise :

Nous voyons que la France n'est pas dans la même situation en 2023/2024 que les quatre autres pays en 2009 :
- Facteurs rassurants :
- La France n'est pas en récession
- Le déficit en % du PIB est significativement inférieur
- Le taux de chômage est moins haut
- La balance des paiements courants est nettement moins mauvaise
- Facteurs inquiétants :
- Le taux d'imposition de la France en 2013 est beaucoup plus élevé ce qui limite la possibilité d'un sauvetage par l'impôt. En effet, le risque qu'une hausse des taux entraine une baisse de l'impôt devient très significatif sur de tels niveaux.
- L'économie Française est beaucoup plus grosse que les 4 pays combinés ce qui rend un sauvetage par l'UE, la BCE, le FMI beaucoup plus délicat. Une crise de la dette Française serait même la plus grosse crise de la dette publique de l'histoire moderne.
- La note de la France est jugée par S&P comme étant de très haute qualité comme celle de l'Espagne et de l'Irlande en 2009 ce qui n'a pas empêché ces deux pays de sombrer dans la crise.
En gardant ces chiffres en tête, regardons maintenant ce que disent les organismes Français, Européens, Internationaux qui disposent de toutes les données de cet article et de bien davantage.
Ce que disent les organismes de contrôle et conseil
La question est de savoir si la situation suivante est grave :
- Plus fort taux de prélèvements obligatoires (impôts + taxes) au monde
- Plus forte dépense publique au monde en pourcentage du PIB
- Dette publique à plus de 110% du PIB
Commençons pas regarder ce que disent les multiples organismes qui aident nos dirigeant à définir les politiques publiques ? Les alertes sur le danger de cette situation se multiplient depuis une dizaine d'année. Chaque année, ce sont des milliers pages de rapports publiés par :
- Des grandes institutions de la république Française :
- Cour des comptes : "Le niveau élevé de la dette publique constitue une vulnérabilité majeure pour notre pays."
- Banques de France : "La dette publique atteint des niveaux inédits. Il est impératif de stabiliser puis de réduire cette dette "
- Haut conseil des finances publiques : "Le HCFB souligne la nécessité impérative de maîtriser la dynamique de la dette publique pour assurer la soutenabilité des finances publiques françaises."
- Les institutions européennes :
- BCE : "Les niveaux élevés de dette publique dans certains États membres, dont la France, représentent un risque pour la stabilité économique de la zone euro."
- Commission : "La France doit adopter une approche plus stricte en matière de gestion budgétaire pour réduire sa dette publique élevée"
- Les agences de notations qui invariablement, petit à petit dégradent la note de la France :
- Moody's : "La France doit faire face à une dette publique élevée qui limite sa flexibilité budgétaire. Des réformes structurelles sont nécessaires pour stabiliser et réduire la dette."
- ...
- Les grandes agences internationales :
- FMI : "La dette publique française, qui a atteint des niveaux élevés, nécessite une stratégie claire et cohérente de réduction pour éviter des risques accrus pour l'économie Française et la stabilité européenne."
- OCDE : ""La dette publique de la France est une source de préoccupation majeure"
- ...
L'illustration ci-dessous reprend les principales alertes sur la dépense publique et la dette publique Française. L'ensemble de ces documents sont publiques, beaucoup annoncent des désastres à venir.

Vous pouvez consulter quelques une des alertes les plus récentes grâce aux liens suivants :
- 15/07/2024 : Rapport de la cour des comptes sur la situation et les perspectives des finances publiques
- 09/07/2024 : L'Arabie Saoudite menace de vendre des titres de dette de la zone Euro
- 08/07/2024 : La commission Européenne propose le lancement d'une procédure contre la France pour déficit excessif
- 17/04/2024 : Le Haut Conseil des Finances Publiques estime que les prévisions de finance publique du gouvernement manques de crédibilité et de cohérence.
- 28/03/2024 : Le gouverneur de la Banque de France estime que la France doit enfin s'occuper sérieusement des dépenses publiques
- ...
Une telle fréquence d'alerte par autant d'organismes Français, Européens, Internationaux montre à quel point la situation Française est tendue et le risque est de plus en plus grand non seulement pour la France, mais de plus en plus pour la zone Euro dans son ensemble.
Quelles solutions pour réduire la dette publique ?
Le manque de courage des dirigeants politiques (et de leurs électeurs) pendant plusieurs dizaines d'années n'ont fait que repousser à plus tard la résolution du problème, en lui laissant le temps de grossir davantage chaque année.
Comment on fait les autres ?
Explorons les solutions qui ont été mises en place par différents pays dans l'histoire récente :
- Soit de façon délibérée par les gouvernements ayant eu le courage de régler les problèmes avant qu'il ne soit trop tard. Ils sont nombreux, par exemple : Le Canada, la Suède et la Finlande dans les années 1990, La Suède dans les années 1990, l'Allemagne au début des années 2000, ...
- Ou pour les moins sérieux, les moins courageux, ceux qui ont attendu que la bombe explose. Ceux là se sont retrouvé acculés à faire appel au FBI et d'autres institutions internationales quand leurs pays se sont retrouvés au pied du mur, sans argent ne pouvant plus payer les fonctionnaires, les retraites, .... Comme L'Irlande en 2010, La Grèce et le Portugal en 2011, l'Ukraine en 2014, l'Argentine en 2018, ...
Nous allons voir un ensemble de solutions basées sur des exemple réels. Il est important de comprendre que la situation et la force de négociation d'un Etat qui se réforme de lui-même en avance et d'un Etat qui le fait au moment ou les marchés arrêtent de lui prêter n'est absolument pas la même :
- Plus les solutions sont appliquées tard, plus elles sont appliquées vite
- Plus les solutions sont appliquées tard, moins elles sont subtiles, plus elles sont lourdes de conséquences
Le problème de la dépense publique et de la dette publique Française est devenu tellement énorme qu'il ne reste plus de solution facile. Elles sont toutes plus ou moins difficiles et douloureuses. Mais la France a encore le temps de se réformer avant que les marchés ne lui tournent le dos. Personne ne peut dire s'il reste un an ou cinq ans. Cela va dépendre de beaucoup de facteurs. La seul chose qui est certaine c'est que nos dirigeants et nous même sommes sur le bord d'un volcan.
Les solutions généralement évoquées sont les suivantes. Elles ne sont jamais mutuellement exclusives.
Equilibrer le budget
Le problème de la dette est le résultat de la dépense publique excessive. Le meilleur moyen de régler le problème de la dette est donc de rééquilibrer les finances publiques d'urgence avant que n'éclate une crise de la dette :
- Un budget publique à l'équilibre sera certainement difficile à boucler car il faudra réduire fortement certaines dépenses et éventuellement d'encore augmenter les impôts et les taxes
- cela permet d'arrêter la croissance de l'endettement ainsi que la croissance du cout de financement
- et petit à petit, cela permet grâce aux effets combinés de l'inflation et de la hausse du PIB de réduire le coût de l'endettement initial.
Baisse des dépenses
Nous avons vu plus haut que le déficit est de 150 milliards € en 2023, environ 10% du budget. Réduire les dépenses de 10% ferait des mécontents, mais 10% d'économie, c'est moins que ce que fait n'importe quelle entreprise, ou n'importe quel ménage en cas de crise grave. Les solutions généralement utilisées portent sur : La massez salariale des fonctionnaires, la simplification de l'organisation des administrations centrales et locales, la baisse ou la stagnation des pensions de retraite, des allocations chômage, des allocations maladie. La diminution du périmètre d'intervention de l'Etat : baisse des subventions, arrêt de certaines missions.
Hausse des impôts
La France est déjà le pays le plus taxé au monde, une augmentation des taux de la fiscalité a peut de chance d'augmenter les recettes fiscales. Le risque d'un effet inverse est réel.
En effet, il faut toujours se rappeler que : Impôt collecté = Taux de l'Impôt * Base Taxable.
Quand les impôts et taxes sont déjà très élevés, une hausse supplémentaire des taux a une forte probabilité de déclencher une baisse de la base taxable et donc de l'impôt collecté. C'est l'effet Laffer, je ferais un article sur le sujet prochainement. Ainsi, une étude sur plusieurs années de l'impact de l'IGF/ISF (impôts sur les grandes fortunes) avait chiffré à 40.000 le nombre de chefs d'entreprises ayant fuit la France pour la Belgique, Londres et la Suisse avec une perte de base taxable de 300 Milliards €. Une fois que ces personnes sont parties, elles ne reviennent jamais, et elle vont continuer de créer des entreprises (et de la base taxable) ailleurs qu'en France.
Dans un monde ouvert et massivement connecté, il est de plus en plus facile pour les personnes et les entreprises qui constituent la base taxable de partir de France.
Monétiser la Dette
C'est la solution qui parait un peu magique mise en avant par certains. Elle consiste à faire acheter par la BCE de la dette de l'Etat Français.
Si vous n'êtes pas un minimum familier avec les notions de monnaie, de banques centrale et de création monétaire, je vous invite à lire dans l'ordre les trois articles suivants :
Premier obstacle : L'inflation
Pour monétiser la dette, il faut créer de la masse monétaire. Or une augmentation significative de la masse monétaire sans création de richesse réelle équivalente génère inévitablement de l'inflation.
Générer de l'inflation dans l'ensemble de la zone Euro pour régler un problème spécifique à une France incapable de se réformer, va être très très difficile à faire accepter à nos partenaires.
Les Français, globalement pas très éduqués en économie ne le comprennent pas très bien mais d'autres comme les Allemands traumatisés par leur expérience bien réelle de l'inflation de l'entre deux guerres et de l'arrivée au pouvoir du Nazisme l'on intégré dans leur ADN.
Second obstacle : Juridique
Justement à cause du traumatisme Allemand, la monétisation de la dette est interdite par les traités constitutifs de la zone Euro. Les Allemands et d'autres en avaient fait une condition de leur adhésion à la monnaie unique.
La BCE a trouvé des solutions de contournement lors de la crise de la dette Grecque, mais rien n'indique qu'elles soient applicable ou acceptable à l'échelles de la dette Française.
Troisième obstacle : Apprendre à négocier dans beaucoup de langues
L'Euro est la monnaie d'un club de pays qui gèrent ensembles ce bien commun. Aucun des autres pays ne fera de cadeau à la France. Comme l'a récemment résumé Jean-Claude Trichet ancien gouverneur de la Banque de France et ancien président de la Banque centrale Européenne : "La BCE ne va pas défendre un pays qui ne se défend pas lui-même !".
Imaginez la scène : Nous sommes en 20xx, une crise de la dette Française vient d'éclater, le ministre des finances Français arrive devant les institutions de la Zone Euro, il prononce un discours long mais très émouvant, se terminant pas "Il me faut 100 Milliards, vous êtes ma dernière chance, plus personne ne veut me prêter et je ne vais bientôt plus pouvoir payer les fonctionnaires, c'est facile, la BCE n'a qu'à acheter ma dette".
La réponse devrait ressembler à quelque chose de ce type :
- Nein
- Nein - version valse
- Nee
- Όχι
- No - sans les mains
- Ei
- No - avec les mains
- No - sans les mains mais avec les banderilles plantées dans le ministre Français
- Ní hea
- Nē
- Non - une fois
- Le
- Não
- Nie
- Ne
Bref, ce n'est pas gagné. Ils finiront probablement par dire "Ja, ..." mais entre temps la France aura fait beaucoup beaucoup de concessions comme l'a fait la Grèce en 2011 :
- Hausse des impôts
- Baisse très importante des dépenses
- Vente à des concurrents Allemands, Italiens, ... de tous ce qui peut se privatiser
- Arrêt de toutes les subventions aux secteurs en concurrence avec les autres grands de la zone Euro
- Mise sous tutelle temporaire
- ...
Quatrième obstacle : Une meule de comté c'est beaucoup plus gros qu'une feta
La zone Euro, avec l'aide du FMI ont aidé en 2011 les Grecques à se sortir du bourbier dans lequel ils s'étaient mis. Mais, la France c'est une tout autre taille, c'est la seconde économie de la zone Euro. Pour vous donner un élément de comparaison, voici les chiffres de la Grèce au moment de la crise de leur dette publique en 2011 :
- Dette publique 330 Mds€, contre 3160 Mds€ pour la France
- Dette publique en pourcentage du PIB : 140 % contre 111% pour la France
Quand on dit, la France n'est pas la Grèce (sous entendu, on est plus riches, plus industrialisés, ...) c'est exact. Mais si la France devait subir une crise sur sa dette, le problème à résoudre par nos voisins serait 10 fois plus gros. Il n'est même pas certain qu'ils puissent le résoudre. Et cela sans même parler des deux banques Françaises classées comme systémique pour la zone Euro : BNP et Société Générale qu'il faudrait peut être aussi sauver au passage tant leurs bilans regorgent d'emprunts d'Etat Français.
Par ailleurs, même pour la BCE, la dette de la France, a atteint une taille gigantesque. Vous pouvez constater ci-dessous que le bilan total de la BCE est de 6536 Milliards €. Absorber une part important de la dette Française ne va pas de soit.

Autres solutions
Grande braderie, tout doit disparaitre
C'est terrible à envisager. Mais ce n'est pas de la fiction, quand les créanciers arrêtent de prêter, que les fonctionnaires ne sont plus payés, que les gens sont dans la rue, il faut de l'argent, vie et beaucoup. Regardez ce que la Grèce a du accepter en 2011 :
- Port du Pirée, l'un des plus grands ports de la Méditerranée vendu à la société chinoise COSCO Shipping.
- 14 aéroports régionaux, concédés à allemand Fraport.
- l'OTE, la plus grande société de télécommunications du pays en partie reprise par Deutsche Telekom.
- Une participation majoritaire du réseau de gaz DESFA a été vendue à la société italienne Snam, à l'espagnole Enagás et au belge Fluxys.
- La compagnie de chemin de fer TRAINOSE a été vendue à la l'italienne Ferrovie dello Stato Italiane.
- La Compagnie publique d'électricité PPC a été contraint de vendre des centrales électriques et des parts de marché dans la production et la distribution d'électricité.
- De nombreux biens immobiliers appartenant à l'État, y compris des propriétés foncières et des bâtiments, ont été vendus ou concédés à des investisseurs privés.
Il ne manquera pas de prétendants du coté des Allemands, Hollandais, Italiens, Espagnols, ... pour accepter de renflouer la France en échange de mettre la main sur :
- L'audiovisuel public,
- EDF et ses centrales Nucléaires,
- La SNCF et le réseau,
- Les collections d'Art,
- La part résiduelle de l'Etat dans Air France,
Dans la guerre économique comme dans les guerres classiques, Vae victis : Malheur au vaincus.
Non remboursement total ou partiel de la dette
Comme la France emprunte en partie pour rembourser les dettes les plus anciennes, on peut imaginer comme cela s'et déjà produit dans l'histoire des nations que la France dise : Désolé, on ne remboursera pas cette année, peut être qu'on le fera plus tard. C'est ce que l'on appelle un défaut de paiement.
Cela pose évidemment un problème de crédibilité financière. Qui après cela voudrait prêter à la France ? Qui voudrait garder des investissements en France ? Quelles serait les représailles par exemple des Etats Américains et Saoudiens si la France refusait de rembourser ses dette à un fond de retraite des policiers de New York ou au fond souverain Saoudien ? Je n'en sais rien mais cela ne serrait pas beau à voir...
En tout cas, ce type de mesures est très rarement mis en œuvre, et en tout cas jamais sans de lourdes contre parties.
Certains envisagent de prendre dans la poche des Banques Françaises et même des Français. Les Banques Françaises feraient probablement faillite ce qui entrainerait la ruine des déposants (vous et moi). Et le placement préféré des Français, est l'assurance vie qui est gorgé d'emprunt d'état serait irrémédiablement réduit à néant.
Un défaut de paiement partiel reste possible. Dans ce cas, au lieu de rembourser 100, on rembourse par exemple 50. On parle aussi de Haircut. Cela s'est déjà produit dans l'histoire, et même assez souvent, mais les conséquences sont toujours très lourdes.
Quel impact pour les investisseurs
A l'échelle du marché des actions, la dette publique est un très gros sujet. C'est un volcan en sommeil, prêt à exploser. Pour vous redonner un ordre de grandeur, 3228.4 Md€ (la dette) c'est bien plus que la capitalisation boursière de la totalité du CAC 40 qui est d'environ 2500 Md€. Une crise de la dette Française mettrait le CAC au tapis, et les small caps seraient encore davantage massacrées.
Souvent, les investisseurs en actions ne s'intéressent pas à ce qui se passe sur le volcan. C'est une erreur. L'obligataire est beaucoup plus gros que le marché des actions et il évolue de façon plus régulière, il donne des signes précieux, et chaque alerte sur la dette de la France déstabilise assez rapidement le CAC.
Que faire en tant qu'investisseur :
- Diversifier et s'éloigner du volcan : Tout d'abord, en particulier pour l'épargne longue, il est vraiment prudent de diversifier son patrimoine hors de France. Par exemple en investissant sur des actifs qui ne baisseront pas le jours ou la crise de la dette Française explosera : Les grands indices mondiaux en dehors de la zone Euro, l'OR, les matières premières, ...
- Installer vos capteurs sur le volcan : Quand on reste quand même investi en France, il est indispensable suivre, les spreads de taux entre la France et l'Allemagne, ainsi que le taux des OTA à 10 ans. Ces données sont systématiquement intégrées dans mes analyses hebdomadaires du CAC.
Conclusion
Le gouvernement (au sens large) de la France a été pris d'une fièvre dépensière incroyable sous François Mitterrand, en 1981. Plus de 40 ans sont passé et aucun gouvernement n'a été capables de produire un seul budget en équilibre. L'accumulation des déficits a généré une dette de 3228.4 Md€ et les Français consacrent une part croissante de leurs impôts au paiement des intérêts (50 Md€ en 2023).
L'histoire économique nous montre qu'ils n'y a que deux sorties possibles :
- La prise de conscience des citoyens et des dirigeants politiques que le pays ne peut pas continuer à s'endetter et à s'appauvrir toujours plus. Qu'il faut entreprendre des réformes. Beaucoup de pays l'on fait, sans drames et avec d'excellent résultats.
- Ou, la perte de confiance inévitable des préteurs, en particulier des grands préteurs internationaux (déjà 50 % du total de la dette leur est due). Et dans ce cas, la France subira un scénario à la Grecque.
Au moment ou j'écrit cet article, rien n'indique une prise de conscience politique et citoyenne. Le plus probable me semble malheureusement la seconde option. Il serait terriblement navrant que notre pays n'arrive pas à faire preuve de plus de raison avant d'en arriver une catastrophe humaine et financière.
Cet article n'est pas joyeux, mais j'espère qu'il vous apporté un éclairage sur la situation des finances publiques en France. Encore merci à ceux d'entre vous qui par leurs commentaires, m'ont aidé à améliorer cet article.
Pour vous tenir informés de la situation de l'économie Française et de celle de la zone euro, vous pouvez aussi consulter :
Et si vous avez besoin de rafraîchir ou améliorer vos connaissances économique, c'est ICI.
A vous de jouer !
Cet article touche à sa fin, et j’espère qu’il vous a apporté des pistes de réflexion intéressantes. Si vous l’avez trouvé utile, n’hésitez pas à le partager en un clic :
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