Bulle des tulipes et Krach de 1637 : Des tulipes à vous faire tourner la tête

Modifié le 26 janvier 2025 par epargnebourse.fr

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Bulle des tulipes
Bulle des tulipes

Au XVIIe siècle, les Pays-Bas ont connu l’une des premières bulles spéculatives de l’histoire. La bulle des tulipes, connue aussi sous le nom de la Tulipomania. Cette période de spéculation effrénée sur le marché des tulipes a abouti à l’un des krachs les plus célèbres de l’histoire économique. Dans cet article, nous allons explorer l’histoire de la Tulipomania, décrire la chute dramatique du marché des tulipes, analyser les conséquences sur les investisseurs et l’économie de l’époque, et enfin, tirer des enseignements qui restent pertinents pour les investisseurs de 2025.

Mackay dans Memoirs of Extraordinary Popular Delusions and the Madness of Crowds (1841), a fait connaitre cet épisode de spéculation qu’il appela la Tulipomania. Des recherches plus récentes ont depuis atténué la porté de ce qui reste quand même l’épisode de spéculation forcenée le plus ancien documenté par la recherche Universitaire.

La période Précédant le Krach

Au milieu des années 1600, les Hollandais ont connu une période de prospérité inégalées. Nouvellement indépendants de l’Espagne, les marchands néerlandais prospèrent grâce au commerce rendu possible par la Compagnie Néerlandaise des Indes orientales.

Cet afflux d’argent pousse les prix de l’art et des produits exotiques à la hausse. La Tulipomania a débuté vers 1634 aux Pays-Bas lorsque les tulipes, originaires de l’Empire ottoman, ont été introduites en Europe. Ces fleurs rares et exotiques sont devenues rapidement très prisées. Elles sont initialement des curiosités botaniques et des personnes fortunées en plantent dans leurs jardins privés. Elles se passionnent pour la création de nouvelles variétés. Les riches Hollandais deviennent fascinés par les tulipes rares « cassées », des bulbes qui produisaient des fleurs rayées, mouchetées et bicolores, telles que celle figurant sur l’illustration ci-dessous.

Tulipe cassée
Tulipe cassée

La bulle spéculative des tulipes commence à se former, petit à petit.

Détail amusant que l’on ne comprendra que beaucoup plus tard, en 1930, ces tulipes bicolores devaient leurs merveilleuses spécificités à la présence d’un potyvirus de la Tulipe, transmis par un puceron. Les Tulipes les plus chères étaient donc des tulipes malades, condamnées à dégénérer. Pas vraiment un investissement de long terme doc.

De la Spéculation au Krach

Phase de spéculation

Rapidement, cet engouement dynamise un secteur économique. La demande est alors forte pour les livres illustrés de gravures, et pour les bulbes de plus en plus spectaculaires. Les tulipes deviennent rapidement un article de luxe et un signe extérieur de richesse.

Leur rareté, leurs couleurs vives et leur forme en ont fait des symboles statutaires. Les bulbes de tulipes coutant de plus en plus cher, les spéculateurs rentrent sur le marché. Ils achètent des contrats à termes sur les bulbes de tulipes en prévision de leur future valeur.

L’imagination qui n’a pas encore atteint celle de l’ingénierie financière de 2007 fait quand même des merveilles. Ainsi, en 1635 on pouvait acheter des parts de bulbe. Début 1637, la spéculation atteignit son apogée. Les prix des lots de bulbes de tulipes ont atteint des sommets vertigineux, dépassant de loin la valeur de nombreuses maisons. Un seul bulbe de tulipe de la variété Semper Augustus a été vendu pour l’équivalent de 10 000 dollars actuels. Un lot de 40 bulbes de tulipes a été échangé contre un actif d’une valeur de 100 000 dollars actuels.

C’était une période d’euphorie financière où les spéculateurs étaient prêts à tout pour posséder ces précieuses fleurs. Nous savons maintenant que ces périodes ou l’irrationnel domine sont des bulles financières. La bulle spéculative des tulipes était à son paroxysm.

Les recherches les plus récentes telles que celle d’Anne Goldgar professeur d’histoire moderne au King’s College de Londres et auteur de Tulipmania : Money, Honor and Knowledge in the Dutch Golden Age affirme que la spéculation est restée contenue au sein d’un cercle relativement limité composé de riches marchands. Il semble bien que les descriptions de milliers de personnes ruinées soient donc une exagération de la réalité historique.

Le krach des bulbes de tulipes

En février 1637, le marché des tulipes s’est effondré brutalement. Les spéculateurs ont soudainement réalisé que la demande pour ces fleurs était artificiellement gonflée. La panique s’est emparée du marché, entraînant une chute spectaculaire des prix en quelques semaines. Les bulbes de tulipes qui avaient été vendus pour l’équivalent de milliers de dollars se sont retrouvés invendables.

La chute des prix commencée en février 1637 s’est poursuivie en Mars et Avril. Elle a entraîné une dépréciation de plus de 99 % des bulbes de tulipes entre début Février 1937 et fin Avril de la même année. La bulle spéculative des tulipes avait explosée, la tulipomania était terminée.

Conséquences sur les Investisseurs et l’Économie

Heureusement, le krach des tulipes qui a succédé à la bulle spéculative des tulipes s’est produit au sein d’une communauté qui s’était considérablement enrichie grâce au commerce. Il n’existait pas encore de produits dérivés sur les bulbes de tulipes et les conséquences restèrent limités au cercle des marchands et spéculateurs locaux. Quelques investisseurs pour l’essentiels très fortunés (probablement quelques centaines) ont subi de forte pertes financières.

Et même si ingénierie financière n’était pas devenue monnaie courante, les historiens ont quand même trouvé dans les archives judiciaires des preuves de réputations perdues et de relations brisées. De nombreux acheteurs s’étaient engagés via des contrats à terme à acheter des bulbes à des prix devenus entre temps totalement déconnectés de la réalité. Nombre d’entre eux ont alors refusé d’honorer leur engagement.

Ce refus de respecter son contrat était devenu possible suite à une modification opportune de la législation assimilant le commerce des bulbes à un jeux d’argent qui rendait caduc les contrats à terme. Ces défauts de paiement ont provoqué un choc dans une économie basée sur le commerce. Beaucoup de vendeurs qui s’étaient endettés lourdement sur la base de ces futures rentrée d’argent se sont retrouvés ruinés.

Errare humanum est sed perseverare diabolicum

On attribue généralement (mais sans preuve) au philosophe Sénèque cette citation : « Errare humanum est sed perseverare diabolicum ». L’erreur est humaine, mais persévérer dans l’erreur est diabolique ….

Au Pays-Bas, toujours, les jacinthes (Hyacinthus orientalis) ont donné lieu à la fin du XVIIe siècle à un épisode de spéculation un peu similaire. Il est parfois qualifiée de «Tulipomania Junior». Bien que la spéculation sur les jacinthes n’ait pas atteint les mêmes niveaux de folie que la Tulipomania, elle partage certaines similitudes avec l’engouement pour les tulipes.

Pendant cette période, les bulbes de jacinthes, qui produisent de belles fleurs, sont devenus extrêmement populaires en tant qu’objets de spéculation. Les gens ont commencé à acheter et à vendre des contrats à terme sur les bulbes de jacinthes, pariant sur leur future valeur.

Cependant, cette spéculation s’est effondrée, provoquant des pertes financières pour de nombreux investisseurs. Les autorités néerlandaises ont fini par intervenir pour mettre fin à la spéculation sur les jacinthes. Mais ni le niveau de spéculation, ni les pertes n’ont atteint le niveau de 1636/1637.

Enseignements pour les Investisseurs de 2025

La Tulipomania offre plusieurs enseignements importants pour les investisseurs modernes. Tout d’abord, elle met en lumière les dangers de l’engouement irrationnel pour un actif. Ceci est particulièrement vrai des actifs non productifs, ceux qui ne génèrent pas de rendement, qui ne produisent rien. Cette situation n’est bien évidement pas sans rappeler celle des crypto-monnaies, au moins celle des memes coins.

Les investisseurs doivent toujours garder à l’esprit que les bulles spéculatives peuvent exister. Parfois les marchés s’emballent et le prix se déconnecte de la valeur. Cette distinction entre valeur et prix est un aspect fondamental de l’analyse financière. C’est pour cette raison que notre travail d’analyse de la valeur est fondamental. Le plus souvent, ces épisodes, d’irrationalité se terminent mal, c’est le Krach. Il est rapide, brutal, …

L’histoire des tulipes rappelle que les marchés financiers sont influencés par la psychologie humaine. Les émotions, comme la cupidité et la peur, peuvent entraîner des fluctuations dramatiques des prix. Que ce soit en 1636 ou en 2025, les ressorts de la psychologie humaine restent les mêmes. C’est pour cela que ce blog comporte une série d’articles spécifiques aux indicateurs tels que le fear and greed index.

A vous de jouer !

Cet article touche à sa fin, et j’espère qu’il vous a apporté des pistes de réflexion intéressantes. Si vous l’avez trouvé utile, n’hésitez pas à le partager en un clic :

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